Origine et histoire
Le château du Bourg-Saint-Léonard se dresse sur un tertre au-dessus du potager, à l'emplacement de l'ancien village dont l'église occupait aujourd'hui le site de l'orangerie ; village et église disparurent vers 1768. Un manoir du XIIIe siècle précédait le château actuel ; il fut démonté pour permettre la construction de la demeure édifiée entre 1763 et 1767. Jules-David Cromot, baron du Bourg, fit construire la nouvelle résidence avec l'architecte Alexandre Gérard Vermunt, élève de Jean Siméon Chardin pour le dessin et de Jean‑Michel Chevotet pour l'architecture. L'ancienne église fut transformée en orangerie, l'ancien manoir en écuries et le village laissa place à des pelouses et des bosquets ; une partie du domaine fut close de murs et un vaste bassin bordé de tilleuls et orné de statues fut creusé, alimenté par la fontaine du prieuré. Le château, de plan rectangulaire, présente un corps de logis avec un avant-corps central surmonté d'un fronton triangulaire et deux pavillons aux extrémités ; il constitue un bon exemple du style classique de la fin du règne de Louis XV, situé au fond d'un jardin à la française. L'intérieur conserve des boiseries, des tapisseries et du mobilier issus de l'ancien manoir ; les peintures de Frans Snyders décorent notamment le grand salon, où figure aussi un autoportrait de Joseph Ducreux, et une frise de chinoiseries inspirée de Christophe Huet orne le boudoir chinois ainsi que certaines corniches de plafond. Le Bourg Barquet, devenu Bourg-Saint-Léonard, fut un fief des du Barquet ; Louis du Barquet, sans enfant, donna en 1747 le domaine à sa petite‑nièce Suzanne Jeanne Françoise de Vassy‑Laforêt, qui le transmit avec son époux et le vendit à Jules‑David Cromot le 6 avril 1756 pour 106 000 livres. Le Bourg fut élevé en baronnie en décembre 1755 pour le nouveau seigneur, qui jugea le manoir ancien inadapté à sa fortune et l'intervint largement pour reconstruire le domaine et les maisons du village. La nouvelle église paroissiale Saint‑Léonard date de 1768. Au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle, la propriété changea plusieurs fois de mains : Maxime de Cromot du Bourg retrouva le château en 1814, puis il fut vendu à Pierre Alfred de Tamisier (1824), à Jacques Louis Georges de Joussineau, comte de Tourdonnet, à Prosper de Chasseloup‑Laubat († 1879), puis à la famille de Forceville, dont Constant crée en 1893 une laiterie et fromagerie industrielle exploitée à partir de 1895 par la famille Lavalou. En 1879, le domaine comprenait le château, l'orangerie, les écuries, les logements du concierge, du garde et du jardinier, un parc clos de murs de 64 hectares, un corps de ferme, le bois de Fougy (160 hectares), le bois des 450 arpents sur Silly‑en‑Gouffern (239 hectares) et des terres labourables pour une surface totale de 470 hectares. Rose Joséphine Sophie Baudon, épouse de Jules‑David Cromot, protégea le jeune Émile de Girardin et reçut le poète Jean‑Pierre Claris de Florian. Le château fut occupé pendant quatre ans lors de la Seconde Guerre mondiale et bombardé en 1944. Henriette de Forceville fit don du domaine à la commune du Bourg‑Saint‑Léonard à sa mort, le 10 juin 1954, en imposant la création d'un musée et l'ouverture du château à la visite ainsi qu'à des œuvres sociales ou religieuses. Les collections ont été décrites en détail par Robert du Mesnil du Buisson en 1948, et l'architecte Pierre Paquet a réalisé une série de clichés sur plaque de verre représentant le château et ses intérieurs. Le château, les bâtiments des écuries, l'orangerie, les bâtiments des jardiniers et du concierge, le jardin, l'esplanade extérieure de la grille d'entrée et la terrasse nord sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 25 février 1942 ; son mobilier, ses tapisseries et ses décors ont été inscrits au titre des objets par arrêté du 21 décembre 1955.