Origine et histoire du Château Saint-Hilaire
Le château Saint-Hilaire se situe au sud de Louviers, dans l'Eure, sur la route d'Acquigny ; le domaine est bordé par l'Eure. L'origine du site remonte à un manoir seigneurial dit de l'Épervier, attesté au XVe siècle. Au début du XVe siècle, le fief de l’Épervier appartenait à Roger de Maldéré, puis fut confisqué par Henri V d'Angleterre aux dépens de Philippe de Baude pendant la guerre de Cent Ans. Le domaine passa ensuite à Jean Le Roux, puis à Robert Le Roux, sieur de l’Épervier ; sa petite-nièce Catherine du Jardin en hérita en 1582 et épousa Charles Romé. Pierre Romé lui succéda, puis Nicolas Romé réunit en 1681 plusieurs fiefs sous le nom de Folleville avant que, en 1692, Marie Romé n’épouse Pierre-Jacques Le Vicomte de Saint-Hilaire. Au XVIIIe siècle, Marie-Angélique hérita de Joseph Le Vicomte de Saint-Hilaire et épousa le marquis Antoine de Marguerit.
Au milieu du XIXe siècle, leur descendant le comte Odoard du Hazey céda le domaine à Eugène Léon Sée, qui fit édifier en 1880 un corps de logis néo-classique : un bâtiment en pierre de trois niveaux, pourvu de combles à la Mansart, d’un avant-corps en brique à pans coupés et bordé d’une terrasse ornée de mâchicoulis. En 1901, Jules Rodolphe Audresset acquit la propriété, puis la transmit à sa fille Cécile, épouse de Pierre Réveilhac. Entre 1907 et 1909, la famille Réveilhac fit transformer et rhabiller la bâtisse par l’architecte Henri Jacquelin dans un style régionaliste ; celui-ci réutilisa des éléments en bois provenant d'anciennes maisons d'Évreux pour habiller des façades en colombage, multiplia les lucarnes et accentua les hauteurs et pentes des toitures, réaménageant la demeure en une reconstitution de gentilhommière du XVe siècle. Dans le même temps, la « chapelle » fut aménagée en grand salon-bibliothèque et atelier d'artiste à partir d'éléments provenant d'une abbaye dieppoise démolie au milieu du XIXe siècle ; la véritable chapelle se trouve dans la dépendance sud. Quelques modifications furent apportées aux dépendances dans les années 1920, également dans un style normand.
La propriété fut vendue en 1925 au major américain Walter V. Cotchett ; elle fut occupée pendant la Seconde Guerre mondiale puis abandonnée. Rachetée en 1989 par la société de M. Bocquillon (Videlec), elle a été restaurée et accueillit le siège du groupe Bocquillon. Avec ses références régionalistes et néo-gothiques, le château Saint-Hilaire constitue un ensemble très représentatif de l'architecture en vogue autour de 1900. Le château est inscrit au titre des monuments historiques et bénéficie du label « Patrimoine du XXe siècle ».