Origine et histoire
Le château de Garrevaques, situé dans la vallée du Sor (Tarn), a été élevé à partir de 1470 pour protéger le village. À l'origine, il formait une vaste bâtisse fortifiée, flanquée de quatre tours, entourée d'une enceinte et de plusieurs douves alimentées par le détournement du Sor. Lors des guerres de Religion, il appartenait d'abord à un seigneur catholique connu pour avoir empêché des pasteurs d'aller à l'académie protestante de Puylaurens. En 1580, les troupes calvinistes du vicomte de Turenne assiégèrent le château ; une brèche ouverte dans les remparts entraîna sa chute en trois jours et le massacre de plusieurs dizaines de défenseurs. Par la suite, Garrevaques devint l'une des principales places‑fortes huguenotes du Lauragais et Henri de Navarre y séjourna quelque temps. Après cette période, la propriété échut à la famille de Gineste, de confession protestante, qui en est propriétaire depuis les années 1600 et remania le château après les dommages subis. Lors de la Révolution, le château fut incendié par des révolutionnaires ; il ne subsiste aujourd'hui que quelques éléments du bâtiment primitif, notamment des vestiges d'une porte et d'une tour. Le comte Philippe de Gineste puis son fils Henri, ayant fait fortune dans le commerce de betteraves sucrières, firent reconstruire l'édifice au début du XIXe siècle, sous le Premier Empire. À l'occasion d'un mariage en 1815, la famille acquit une suite de douze panneaux panoramiques réalisés par la manufacture Dufour et Leroy, illustrant en grisaille les amours de Cupidon et Psyché. Le château fut de nouveau restauré en 1862. En 1943, il fut réquisitionné par l'occupant allemand ; grâce à l'aide des habitants, les propriétaires purent toutefois évacuer la plupart des meubles de valeur. La bâtisse servit d'état‑major et subit des dégradations ; les Allemands quittèrent les lieux après le débarquement de Provence le 15 août 1944, ayant placé des explosifs dans les sous‑sols, que le jardinier Jules Gasc, ancien combattant, découvrit et désamorça, évitant ainsi des destructions supplémentaires. Aujourd'hui, le château demeure une propriété privée habitée par les 16e, 17e et 18e générations de la famille de Gineste ; il accueille également des événements et activités organisés par une agence locale. L'édifice est partiellement inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 30 mai 2016 ; la protection porte sur le salon présentant les douze panneaux de la manufacture Dufour et Leroy. Le corps de logis principal, élevé sur deux niveaux, est flanqué de deux tours polygonales en façade et d'une autre tour au centre de la façade arrière. La façade principale comporte trois travées et un niveau sous combles ponctué de lucarnes doubles ; l'ensemble est revêtu d'un parement imitant des briques, couvert d'ardoises et soutenu par une rangée de faux mâchicoulis. Le salon inscrit abrite le papier peint panoramique de 1815, composé de douze tentures en papier peint travaillées en grisaille et représentant les amours de Cupidon et Psyché. Le domaine fut reboisé en 1878 par André Leroy et comprend de nombreuses dépendances, dont d'anciennes écuries reconverties en hôtel‑restaurant haut de gamme. Face au château se dresse un chêne pédonculé âgé de 550 ans, classé arbre remarquable, et depuis le parc on peut apercevoir le château de Montgey.