Origine et histoire
Le château de Saint-Martin-de-Pallières, perché sur un mamelon dominant le village et le plateau de Pallières, est un monument historique du Haut-Var. Des mentions médiévales existent, le castrum étant cité en 1055 puis en 1204, et la demeure apparaît ensuite dans les sources à travers les siècles. Successivement propriété des familles de Vintimille, de Castellane et d’Agout, il revient en 1604 à Pierre de Laurens, qui obtient l’érection du fief en marquisat et fait transformer le château pour en faire sa résidence d’été ; les travaux d’époque aboutissent à un ensemble de 57 pièces et 80 fenêtres. De vastes réaménagements affectent la bâtisse dès le début du XVIIe siècle, puis l’édifice, dégradé pendant la Révolution, est relevé au début du XIXe siècle et restauré et agrandi dans les années 1862‑1865, avec l’adjonction d’une aile en retour et la réfection des façades et tours. Le corps principal d’origine médiévale est un massif carré cantonné de trois tours remontées et crénelées au XIXe siècle, et une quatrième tour, similaire mais plus tardive, est ajoutée à l’aile est. Par mariage en 1774, le château devient la propriété de la famille de Boisgelin, qui en est toujours propriétaire.
Le parc, créé au XVIIIe siècle et organisé selon l’axe des façades, s’étend en terrasses et allées ombreuses où se distinguent chênes et hêtres ; il a fait l’objet d’une mise en valeur formalisée, avec plans et aménagements conçus par le géomètre Ouvière. Au centre du domaine se trouvent le pigeonnier et le poulailler, les communs proches de l’entrée ont été transformés en habitations, et une vaste citerne voûtée destinée à l’arrosage — la « cathédrale souterraine » — a été creusée en 1747 ; cet ouvrage de quelque 500 m², soutenu par vingt piliers, fut à son époque l’une des plus grandes citernes d’Europe. Les façades et toitures du château, les communs, le parc avec ses éléments structurés et la citerne ont été inscrits à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 14 novembre 2003.
L’église paroissiale actuelle, dédiée à Notre‑Dame‑de‑l’Assomption, remplace l’ancienne église et constitue elle aussi un monument historique ; elle conserve plusieurs objets classés, six autels et retables, dont un retable en bois doré acquis par le cardinal de Boisgelin, ainsi que le tombeau de la famille de Boisgelin. Le château possède une chapelle seigneuriale où figurait une copie de l’Assomption de la Vierge réalisée par Christophe Veyrier ; le groupe original avait été transporté au musée des Beaux‑Arts de Marseille.
Aujourd’hui, le domaine dispose d’environ 4 500 m² de surfaces habitables réparties en 57 pièces et accueille des activités culturelles et musicales : les voûtes de la grande citerne, à l’acoustique remarquable, reçoivent chaque été des concerts dans le cadre du festival « Les Concerts en Voûtes », et le château participe à des manifestations comme « La nuit des châteaux ». Les propriétaires ont engagé des travaux de mise en valeur et d’ouverture au public, soucieux de concilier la conservation du patrimoine et son usage contemporain.