Période
4e quart Xe siècle, XIe siècle, 2e quart XIXe siècle
Patrimoine classé
Le domaine avec tous les éléments maçonnés s'y trouvant, soient : pour Château-Neuf, l'ensemble des parcelles AS 321 et AS 322, qui comprennent notamment : l'enceinte castrale, les deux barbacanes défendant les accès au sud-ouest, la chapelle castrale et les anciens logis adjacents (actuellement occupés par les missionnaires de Saint-François-de-Sales), la grange et ses caves voûtées situées au sud-ouest de la chapelle, l'emprise de l'ancien bourg castral occupant la moitié sud-ouest de l'enceinte où sont visibles des aménagements liés à l'habitat ou aux fonctions agricoles ; la parcelle AL 260 comprenant les accès anciens et actuels à Château-Neuf ; pour Château-Vieux, l'ensemble des parcelles AS 2 et AS 189 qui comprennent notamment : l'enceinte castrale dans son ensemble comprenant l'enceinte haute et l'enceinte du bourg avec ses dispositifs d'accès (portes, poternes) et ses tours, les vestiges de la tour maîtresse, les vestiges de bâtiment situés dans la cour haute du château, les vestiges de la chapelle castrale, les ruines des bâtiments du bourg castral : classement par arrêté du 24 mai 2011
Origine et histoire du Château-Vieux d'Allinges
Le domaine des châteaux d'Allinges comprend deux forteresses implantées face à face sur une crête en forme de croissant, sur la rive sud du lac Léman, distantes d'environ 150 mètres. Le lignage d'Allinges apparaît dans les sources à la fin du Xe siècle, mais les deux châteaux ne sont cités ensemble qu'au début du XIIIe siècle. Château-Neuf relevait de la maison de Savoie tandis que Château-Vieux appartenait aux sires de Faucigny. Le site paraît avoir été fortifié très tôt, peut‑être par les Burgondes au VIe siècle, puis Allinges‑Vieux est restauré au Xe siècle par le roi de Bourgogne Rodolphe II, qui édifie également Allinges‑Neuf. Au fil du temps, Allinges‑Vieux passe entre les mains des seigneurs de Faucigny, qui y installent une garnison commandée par un sénéchal, tandis qu'Allinges‑Neuf reste une possession des comtes de Savoie. Par le mariage de Pierre II de Savoie avec Agnès de Faucigny, les deux châteaux sont réunis au milieu du XIIIe siècle, mais la mort de Pierre II en 1268 ouvre une longue période de rivalités entre la Maison de Savoie et les dauphins de Viennois. Pendant près de soixante‑dix ans les garnisons s'affrontent: le château est occupé vers 1269 par les dauphins, Allinges‑Neuf est endommagé par des machines de siège en 1291, 1292 et 1302, et les deux châteaux subissent un violent bombardement en 1305. Le traité de paix d'août 1308 mentionne la situation de ces places, et de nouvelles réparations sont entreprises vers 1320. L'incorporation du Faucigny aux États de Savoie par le traité de Paris en 1355 met fin aux conflits et conduit à l'abandon progressif d'Allinges‑Vieux à la fin du XIVe siècle ; les habitants du bourg se replient alors dans la plaine. Les forteresses sont de nouveau occupées à diverses reprises : par les Bernois de 1536 à 1567, lors des invasions de 1690, puis en 1703 Victor‑Amédée II fait démanteler les deux places. En 1832 les ruines sont acquises par l'évêque d'Annecy Pierre‑Joseph Rey ; la chapelle de Château‑Neuf est restaurée en 1836 et entre 1842 et 1844 les missionnaires de Saint‑François‑de‑Sales construisent une habitation à côté de la chapelle, vraisemblablement sur les anciens bâtiments du château. Les ruines d'Allinges‑Vieux occupent la butte des châteaux, à l'est du sommet qui culmine à 712 mètres d'altitude ; elles dominent le village d'Allinges d'environ 200 mètres et offrent une vue sur Thonon‑les‑Bains et le Léman. Les deux sites sont séparés par un petit col creusé de deux fossés et sont accessibles depuis les ruines d'Allinges‑Neuf ou par des chemins de randonnée venant du village d'Allinges au nord ou du hameau de Mâcheron au sud. L'enceinte castrale, comprenant l'enceinte haute et l'enceinte du bourg avec leurs accès, portes, poternes et tours, la tour maîtresse, les bâtiments de la cour haute, la chapelle castrale et les vestiges du bourg, fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 24 mai 2011. Au sommet se dresse un donjon quadrangulaire daté des XIe–XIIe siècles, de 18 × 20,50 mètres de côté et conservé sur 25 mètres de hauteur au droit de sa façade sud, coiffée de créneaux ; ses murs en petit appareil ont 3 à 4 mètres d'épaisseur, les angles sont renforcés de contreforts et une cage d'escalier carrée est accolée à l'angle est. L'enceinte haute, en partie romane et en partie du XIIIe siècle, est renforcée par deux tourelles pleines à la base ; elle est précédée d'une enceinte basse des XIIIe–XIVe siècles à laquelle on accède par une porterne remaniée au XIVe siècle. Le bourg castral comportait une rue principale bordée de petites habitations rectangulaires réparties sur des parcelles de 6 à 10 mètres de long sur 4 à 5 mètres de large, disposées perpendiculairement à la voie ; ces maisons offraient des ateliers au rez‑de‑chaussée et un étage d'habitation accessible par des escaliers en bois, les murs de 60 à 90 cm autorisant cet étage, la base des murs et certains sols étant taillés dans le rocher. Les carrières alentour fournissaient le grès employé pour les constructions et produisaient aussi des meules de moulin. Sous les sires de Faucigny, Allinges‑Vieux forme le centre d'un mandement confié à un sénéchal issu de la famille d'Allinges et devient, de 1268 à 1355, le siège d'une châtellenie dont dépendaient des portions de la paroisse d'Allinges ainsi que les paroisses du Lyaud, d'Armoy, de Trossier, de Maugny, de Brecorens, de Perrignier, de Brenthonne et d'autres localités. Parmi les châtelains connus figurent Humbert de Lucinge en 1289, Thomas de Compey entre 1315 et 1319, Humbert de Viry en 1317 et Nicolas de Fernay en juillet 1343.