Origine et histoire du Château-Vieux de Villelaure
Le Château-Vieux, dit aussi château de la Reine-Laure, se situe en bordure du village de Villelaure et son ensemble parcellaire déborde partiellement sur la commune de Pertuis. L'édifice a été initié par Gaspard de Forbin autour de 1563 ; la grande transformation qui lui donne son caractère actuel est l’œuvre de son fils Melchior de Forbin, entreprise de 1579 à 1587 dans un esprit de seconde Renaissance. Melchior, aidé par sa mère Marguerite de Pontevès pour l'aménagement des jardins, confia les premiers chantiers aux frères Rolland de Cucuron à partir du 15 août 1579 ; ceux-ci avaient déjà élevé une part importante des murs en mai 1580 et reçurent des acomptes pour leur travail. En 1582 Melchior fit réaliser une fontaine au centre de la cour et manda Jacques François d'Ansouis pour la création du parc ; sa mère prit en charge des fontainiers de Cadenet pour les pièces d'eau. Les travaux furent interrompus pendant quatre ans, vraisemblablement à cause des troubles et des guerres de Religion, puis repris en décembre 1586 ; les maçons Jean Amoreau et Nicolas (nommés Bérard ou Bernard selon les actes) s'engagèrent à terminer les ouvrages au printemps 1587, tandis que des charpentiers de Pertuis et d'Aix-en-Provence furent chargés des structures de bois. Le projet, inspiré du château de la Tour-d'Aigues et d'une façade antérieure à la manière d'Ecouen, visait à remplacer l'ancienne bastide par un vaste ensemble ordonné autour d'une cour, mais l'édifice ne fut jamais achevé. De plan classique Renaissance, le château se distingue par une grande sobriété ponctuée d'une entrée monumentale ; il est cantonné aux angles de tours semi-circulaires et s'organise autour d'une cour centrale. Au nord, le corps de logis a conservé l'aspect du milieu du XVIe siècle ; les ailes sont réunies au sud par une galerie encadrée de deux avant-corps à bossages avec, au centre, le portail d'entrée. La présence d'échauguettes et de tours d'angle témoigne des préoccupations défensives liées aux guerres de Religion ; le bâtiment fut d'ailleurs partiellement saccagé en 1590. Au cours des siècles suivants, les successeurs de Melchior Forbin abandonnèrent la demeure à des fermiers qui transformèrent des ailes en granges et en étables ; le vieux logis a toutefois fait l'objet d'une remise en état récente. Un pigeonnier, daté de 1600, complète l'ensemble ; il a été inscrit au titre des monuments historiques le 21 août 1992, puis le reste du château a été classé le 4 juin 1993. Les travaux mobilisèrent, outre les Rolland, des artisans tels que les frères Guilhem, Guillaume et Jacomin Roland, et les charpentiers Antoine Bruneirol, Pons Bonaud et Blaise Guyon.