Origine et histoire du Châtellenie La Mairie
L’Hôtel de la Noble Cour, siège de l'ancienne châtellenie de Cassel et aujourd’hui abritant le Musée départemental de Flandre, domine la place de la cité par sa façade mêlant architecture flamande et éléments de vocabulaire de la Renaissance italienne ; il est doté d’une cour et date du XVIe siècle. Classé monument historique en 1910, ce bâtiment a été réquisitionné en 1914 par l’état‑major allié. Le musée, installé dans cet hôtel depuis 1964, a rouvert ses portes le 23 octobre 2010 après treize années de fermeture et d’importants travaux de restauration qui ont redonné une nouvelle jeunesse au lieu. La collection, qui compte environ 6 000 pièces, témoigne de la diversité de la culture flamande et regroupe peintures, sculptures, gravures et œuvres d’art contemporain. Le parcours permanent privilégie des diptyques thématiques — Soumission et colère, Entre Terre et Ciel, Mesure et Démesure, Ostentation et Dérision — pour favoriser le dialogue entre les différents domaines artistiques et intégrer l’art contemporain.
Le musée trouve son origine dans la cession, le 1er juillet 1837, du cabinet d'histoire naturelle de Charles Vanoverschelde à une fondation privée pour 3 500 francs ; cette première collection fut installée dans l'ancien Hôtel de Ville mis gracieusement à disposition par la municipalité. Devenu musée municipal en 1889, il a vu l’orientation de ses collections évoluer sous l’effet de donations d’objets ethnographiques et d’œuvres d’art, remplaçant en partie les collections initiales essentiellement minéralogiques et paléontologiques. En 1914 le maréchal Foch installa son quartier général à l’Hôtel de la Noble Cour ; après la Première Guerre mondiale son képi fut remis par la famille Deschodt au musée et son uniforme intégra les collections en 1938 à la suite d’un don de Madame le Maréchal.
À l’approche de la Seconde Guerre mondiale, quelque cinquante objets répertoriés dans un document officiel daté du 12 octobre 1939 furent placés à l’abri au dépôt de Coulans‑sur‑Gée dans la Sarthe, parmi lesquels Le Carnaval de Cassel d’Alexis Bafcop ; cette précaution s’avéra précieuse, l'ancien Hôtel de Ville servant de musée depuis 1837 étant bombardé en 1940. Après la guerre, les collections furent provisoirement exposées dans l’Hôtel Taverne de Saint‑Antoine et, grâce aux dédommagements, un nouveau projet de musée put être envisagé. Au début des années 1950, l’abbé Verstraete de la Gorgue fit don de sa collection de militaria à la ville le 17 octobre 1951, mais la cité ne pouvait assumer le coût de deux institutions distinctes ; le conservateur Henri Descamps fut chargé d’élaborer un projet réunissant et valorisant les différentes collections, aboutissant à l'inauguration en 1964 du musée d’Histoire et du Folklore de Cassel dans l’Hôtel de la Noble Cour, dans la lignée des musées d’ethnographie pensés par Georges Henri Rivière.
Départementalisé en 1997, le musée fut alors fermé pour raisons de sécurité ; en 2007 la décision de le rouvrir fut prise et la construction de nouvelles réserves entreprise, accompagnée d’une politique d’acquisitions pour renforcer les collections de peinture ancienne et de gravures et y adjoindre un volet d’art contemporain. Parmi les œuvres conservées figurent des peintures sur bois et toile datées du XVe au XIXe siècle, attribuées ou liées à des artistes comme Pieter Coecke van Aelst, Jan van Dornicke, Jan Gossaert, Gérard David, Joachim Patinier et Quentin Metsys, Ambrosius Benson, Jan Fyt, David II Teniers, Alexis Bafcop et Francis Tattegrain, ce dernier représenté par une grande toile de 1887. La sculpture est également présente, avec des pièces en bois, terre cuite et bronze signées notamment du Maître de Wodecq, de Willem Kerrickx, d’Artus II Quellin ou sous forme de maquette par Georges Mallissard (1928). Les collections graphiques comprennent des gravures de Pieter van der Heyden d’après Pieter Bruegel l’Ancien et des albums de Nicolaes de Bruyn et David Teniers. L’art contemporain est représenté par des artistes tels que Jan Fabre, Léo Coppers, Patrik van Caeckenbergh ou Thierry de Cordier.
Depuis la réouverture, le musée a accueilli de nombreuses expositions temporaires consacrées à la peinture flamande, au baroque, à Bruegel, à Teniers et à d’autres thèmes reliant histoire, folklore et arts.