Origine et histoire de la Citadelle souterraine
La citadelle souterraine de Verdun est un vaste ensemble de galeries creusées à la fin du XIXe siècle sous la citadelle de Verdun, dans la Meuse (région Grand Est). La citadelle haute prend racine aux XVIe–XVIIe siècles : la ville est prise par Henri II en 1552 et une citadelle est édifiée entre 1567 et 1634 selon des plans inspirés par l’ingénieur Jean Errard, les travaux étant ralentis par les guerres de religion. Les travaux reprennent réellement à partir de 1624 à la demande de Louis XIII, le tracé est modifié en 1626 et la citadelle s’étend sur le mont Saint-Vanne. Après le rattachement définitif de Verdun au royaume de France en 1648, Vauban est chargé d’améliorer les défenses ; la citadelle reçoit alors bastions, casernes, arsenal et magasins pour l’artillerie et les vivres. À la suite de la guerre franco-allemande de 1870, la place forte de Verdun intègre le système Séré de Rivières et la ville est entourée d’une ceinture de dix-neuf forts, parmi lesquels Vaux, Souville et Douaumont. La citadelle souterraine, dite citadelle basse, a été creusée entre 1886 et 1893 par les ingénieurs Guinot et Rouillon de Gironville, sous environ 16 mètres de roche. En 1914 ses galeries totalisent près de 4 km et, à la fin de la Première Guerre mondiale, elles atteignent environ 7 km. Cinq galeries principales, larges de 4 à 6 mètres et orientées ouest-est, sont traversées perpendiculairement par quatre galeries d’écoute de 2,50 mètres de large. L’aménagement comprend six magasins à poudre, sept magasins de munitions, une boulangerie et un moulin, un central téléphonique et télégraphique, des machines élévatrices d’eau pour la ville et les forts, des cuisines et de vastes magasins. Conçue comme base logistique, la citadelle pouvait abriter 2 000 hommes et servait de refuge, de poste de commandement et de dépôt de ravitaillement ; pendant la bataille de Verdun en 1916 elle a accueilli jusqu’à 10 000 soldats et les fours à pain y ont produit 28 000 rations par jour. Dans le cadre du choix du Soldat inconnu, huit cercueils furent acheminés à la citadelle le 9 novembre 1920 et la cérémonie de désignation eut lieu le 10 novembre dans une galerie transformée en chapelle ardente : le caporal Auguste Thin désigna le sixième cercueil en y déposant un bouquet, le corps choisi fut ensuite transféré à Paris tandis que les sept autres cercueils rejoignirent la nécropole nationale du Faubourg-Pavé. La citadelle est inscrite aux monuments historiques depuis le 24 octobre 1929. Le circuit touristique a été modernisé en 2009 avec du matériel technologique neuf ; des travaux de rénovation et une nouvelle scénographie misant sur la réalité virtuelle ont été programmés puis retardés en 2016 pour des raisons environnementales et techniques. La visite de la citadelle souterraine se fait à bord d’une nacelle audioguidée qui parcourt les galeries et retrace le rôle de la France et de Verdun pendant la Première Guerre mondiale. La mémoire de la place se lit à la fois dans l’évolution des fortifications et dans l’usage logistique et humain de ces souterrains durant le conflit.
