Origine et histoire de la Clairière de l'Armistice
La clairière de l'Armistice, en forêt de Compiègne sur la commune de Compiègne (Oise), est le lieu où fut signé l'armistice du 11 novembre 1918 entre la France, ses alliés et l'Allemagne, puis l'armistice de juin 1940 entre la France et le Troisième Reich. Son appellation secondaire, « clairière de Rethondes », provient de la proximité de l'ancienne gare de Rethondes, située sur la commune de Compiègne et séparée du village de Rethondes par l'Aisne. Le site fut choisi parce qu'il offrait l'isolement recherché par le maréchal Foch et qu'il pouvait accueillir deux trains ; il s'agit de deux épis ferroviaires parallèles s'enfonçant dans la futaie et utilisés alors pour l'acheminement de pièces d'artillerie lourde. Après la demande allemande d'ouverture des négociations, la clairière fut rapidement aménagée pour permettre l'arrivée des trains ; le wagon principal de la délégation allemande était celui de l'ancienne impératrice Eugénie. L'armistice de 1918 fut signé dans le wagon-salon du maréchal Foch le 11 novembre 1918, aux premières heures du matin. Le wagon réquisitionné en 1918 servit ensuite à d'autres négociations, fut placé aux Invalides avant d'être restauré et ramené à la clairière grâce aux démarches locales et au mécénat ; il fut inauguré sur place lors des commémorations du 11 novembre 1927. L'aménagement du site dans l'entre-deux-guerres, confié à l'architecte Marcel Magès en collaboration avec Binet-Valmer, comprit une allée de 250 mètres aboutissant à une clairière ovale d'environ 100 mètres de diamètre, la mise en place d'une dalle commémorative portant un texte de Binet-Valmer et l'érection du « monument aux Alsaciens‑Lorrains », œuvre d'Edgar Brandt, qui porte la dédicace « Aux héroïques soldats de France, défenseurs de la Patrie et du Droit, glorieux libérateurs de l'Alsace et de la Lorraine ». Un rocher taillé marqué « Maréchal Foch » indique l'emplacement du wagon entre les rails, et une statue en pied du maréchal Foch a été ajoutée en 1937. En juin 1940, sur ordre d'Adolf Hitler, la voie fut rétablie, le wagon amené à son emplacement de 1918 et l'armistice signé dans le wagon ; par la suite le wagon fut emmené en Allemagne, les constructions et certains monuments furent dynamités et le terrain modifié. Le wagon original fut finalement évacué de Berlin en 1944 puis incendié par les SS en avril 1945 dans la région de Thuringe. Après la libération, des cérémonies réparatrices eurent lieu en 1944 et le site fut reconstitué à l'identique à la fin des années 1940 : le monument aux Alsaciens‑Lorrains fut reconstruit, des fragments de la dalle centrale furent rapatriés en 1946 et la République française acquit un wagon de la même série pour le réaménagement de l'abri. Un nouvel abri et l'exposition intérieure furent inaugurés en 1950, puis complétés par des salles en 1960 et 1993 formant le musée de l'Armistice. La clairière attire environ 100 000 visiteurs par an et a été inscrite aux monuments historiques par arrêté du 7 septembre 2001.