Origine et histoire
Le couvent cistercien de Schoenensteinbach, situé à Wittenheim (Haut-Rhin), a laissé des vestiges visibles au 260, rue de Soultz. Sa fondation est mentionnée dans des sources anciennes (1126) et, selon la tradition rapportée par la Chronique de Seraphin Dietler, deux filles de Nochero von Wittenheim, Mechthild et Kunigunde, auraient installé une communauté en 1138 dans une grange au milieu d’une forêt marécageuse appelée Nonnenbruchwald. À partir du XIIe siècle il fut lié à différents ordres religieux : il apparaît rattaché aux Augustins dès 1160, puis, après des destructions et reconstructions, il passa à l’ordre dominicain au tournant de la fin du XIVe siècle, lors d’une reconversion soutenue par Léopold IV de Habsbourg et Catherine de Bourgogne. Le couvent a connu un essor significatif après sa réforme dominicaine, devenant un modèle pour d’autres maisons religieuses et participant à un important réseau d’échanges manuscrits ; un livre d’heures provenant de sa bibliothèque se trouve aujourd’hui au Musée Calouste-Gulbenkian. Il a subi plusieurs attaques : pillages et incendies au cours de la guerre de Cent Ans (dont un sac en 1365 et un incendie attribué au passage des Gugler en 1375). Au XVe siècle, les campagnes des Armagnacs entraînèrent l’évacuation de la communauté vers plusieurs villes. Lors du soulèvement paysan de 1525, les religieuses avaient préalablement mis leurs biens en sûreté à Ensisheim, mais les bâtiments laissés vides furent détruits par les insurgés ; après la répression, des paysans furent condamnés à verser 8 000 florins pour financer la reconstruction, entreprise sur une douzaine d’années. Le monastère fut fermé à la Révolution française et ses biens furent confisqués par l’État ; les bâtiments furent ensuite vendus et largement démolis ou remaniés : une partie fut acquise par le maire en 1795 qui la fit démolir pour empierrer un chemin, et des ventes supplémentaires eurent lieu au début du XIXe siècle. Au XXe siècle, le terrain a été utilisé pour l’implantation d’une ferme modèle par les mines de potasse dans les années 1920 et l’ancienne hôtellerie, transformée en 1924, n’a conservé que ses soubassements. Un calvaire daté du 29 avril 1688 se trouve également sur l’ancien domaine. Des fouilles, notamment menées vers 1987, ont remis au jour les fondations de la nef et de l’abside, rendant à nouveau lisible l’empreinte de l’implantation monastique. L’ensemble fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques depuis 1989.