Origine et histoire du Couvent des Annonciades
L'ancien couvent des Annonciades, situé 54 rue Magendie à Bordeaux, est l'un des rares cloîtres de la Renaissance conservés en Aquitaine. Fondé en 1520 par Jacquette de Lansac selon la règle de Jeanne de France, il a été édifié au début du XVIe siècle et la construction se poursuit avec des campagnes ultérieures, notamment pour voûter l’abside et aménager des chapelles. Un dortoir a été ajouté en 1613 contre le mur nord par l’architecte Claude Maillet, et le chœur des religieuses a été agrandi au XVIIe siècle. La chapelle présente des clés de voûte armoriées mêlant les blasons des familles de Lansac, Saint Gelais et Pons ; certains éléments sculptés portent encore des culots ornés d’angelots ou de décors végétaux et les consoles des chapelles latérales figurent les symboles du tétramorphe. L’abside, éclairée par trois grandes verrières du XIXe siècle évoquant le Bon Pasteur, une vue de Jérusalem et Jeanne de France, s’appuie sur de sobres contreforts et un larmier protège les fenêtres. Le cloître, de plan rectangulaire, comporte huit arcades sur les longs côtés et six sur les petits, avec trente-deux chapiteaux décorés sur leurs quatre faces, présentant motifs végétaux, animaux fantastiques et figures démoniaques; au centre du préau, un socle hexagonal mis au jour en 1991 marque l’emplacement d’une croix ancienne. Une œuvre contemporaine de 1995 de Julian Opie, composée de petites constructions en calcaire, se trouve également dans le préau. Après la Révolution, le couvent fut utilisé comme salpêtrière puis racheté en 1808 par la communauté de la Miséricorde fondée par Marie-Thérèse de Lamourous, qui y installa une maison d’accueil pour femmes repentantes et y hébergea jusqu’à plusieurs centaines de pensionnaires. Les religieuses y organisèrent la vie quotidienne autour du travail, de la prière et de la direction par des dames administratrices; la Maison de la Miséricorde a assuré cet accueil jusqu’en 1965. Vendus en 1971, les bâtiments furent utilisés par le ministère de la Justice comme dépôt d’archives et locaux de juridictions. La chapelle, le cloître et le mur d’enceinte sont protégés au titre des monuments historiques depuis 1974 et 2001 pour certains murs. Une fouille de sauvetage a été menée en 1991 avant la réhabilitation qui, de 1989 à 1995, a été conduite par l’agence Brochet-Lajus-Pueyo ; les interventions ont associé constructions contemporaines en métal, verre et bois aux structures anciennes et ont transformé l’ancienne chapelle en salle de conférence. Depuis 1995, l’ensemble abrite les services de la Direction régionale des affaires culturelles d’Aquitaine.