Origine et histoire du Couvent des Augustins
Le couvent des Augustins se situe au 8-10 rue de la Harpe, dans le quartier de La Doutre à Angers, sur la rive droite de la Maine ; il s'étendait au maximum sur environ 8 000 m2 entre les rues Vauvert, de la Harpe et Lionnaise et comprenait une église, un grand cloître, un réfectoire, un dortoir et un cimetière. Vers 1263, les frères saccistes fondent un couvent rue de la Harpe sur un terrain donné ; au début du XIVe siècle, la réforme des ordres fait succéder aux frères saccistes les Augustins, qui reorganisent le site autour de l'église. Vers 1468, Bertrand de Beauvau finance la restauration de l'église et des bâtiments conventuels ; la chapelle dite de la Passion, au sud-est de la nef, est construite peu après et porte ses armes sur l'une des clefs de voûte (vers 1480). Des travaux des XVIe et XVIIe siècles sont attestés par des éléments architecturaux : trois baies postérieures du bâtiment ouest du cloître et la cage hors-œuvre d'un escalier sur la face nord, des remaniements au XVIIe siècle et la datation 1634 gravée sur une lucarne du bâtiment subsistant rue de la Harpe, qui bouche une ancienne fenêtre du chœur encore visible. Le couvent s'agrandit en 1535 par l'achat du jardin et du logis de Chambellay, conservé jusqu'à la Révolution sur le site de l'hôtel d'Ambray, 5 rue Vauvert. Un corps d'entrée menant vers l'église, dit la grande porte, est réédifié en 1626 ; il n'en subsiste aujourd'hui qu'un arc visible au 46 rue Lionnaise, ainsi que les vestiges d'un porche reliant le cloître à l'entrée de l'église. L'église est alors réaménagée : la porte occidentale en plein cintre de la nef n'est plus que trace et plusieurs baies de la chapelle de la Passion datent de cette période ; trois des six chapelles bordant le flanc sud appartiennent aussi au XVIIe siècle. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, un puits est aménagé contre la tour d'escalier du logis ouest, qui est percée d'oculi. Le couvent est démantelé à la Révolution ; l'église est détruite vers 1795, à l'exception d'une partie du mur nord du chœur appuyée au corps de 1634 et de la chapelle de la Passion. Cette dernière est rachetée au milieu du XIXe siècle par les sœurs de la Providence de Saint-Vincent-de-Paul, qui sont vraisemblablement à l'origine du portail néo-gothique en arc brisé qui la ferme aujourd'hui. Le plan cadastral de 1840 montre la division alors en deux propriétés : une petite parcelle rue de la Harpe (bâtiment de 1634 et chapelle, section G 59) et une vaste parcelle relevant des fils du marchand de vin Auguste Vinay (section G 60). Sur cette dernière, les bâtiments conventuels sont reconstruits en 1871 par l'architecte Julien Moirin pour installer une manufacture de chaussures exploitée par Savaton puis par Octave Hamard à partir de 1881. Après la faillite de l'établissement en 1905, la Ville acquiert les lieux pour agrandir l'orphelinat Ambray et pour permettre le percement projeté de la "rue Guittet prolongée" jusqu'à la rue Auguste‑Michel ; le projet reste en suspens et l'usine est de nouveau louée à des industriels de la chaussure, puis revendue en 1923 à l'entrepreneur Goirand. Goirand transforme en 1934 le bâtiment de la chaudière en habitation sur des plans de L. Fayol ; cette maison de 1934 a été détruite en 2002. En 1960, un centre d'apprentissage du bâtiment s'installe après réaménagements, travaux probablement responsables des poteaux et planchers en béton et des redistributions observées dans l'aile nord ; en 1977 l'entreprise Méray‑Brisseau occupe les lieux, jusqu'au rachat ultérieur par la Ville. Depuis 1993, l'ancienne usine Savaton‑Hamard abrite le service municipal du Patrimoine historique, la base locale de l'INRAP et, jusqu'en septembre 2005, la Mission locale angevine. En 2012, une partie des bâtiments de l'usine est démolie dans le cadre d'un projet immobilier. En 2013, ne subsistent de l'ancien couvent que le bâtiment est de la cour du cloître (daté 1634) et la chapelle de la Passion, qui appartiennent à un particulier ; des constructions nord de l'ancienne usine de chaussures ont également été conservées. Le site est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 19 décembre 1978 pour la chapelle en sa totalité, pour les façades et toitures du logis et pour le grand escalier. En juin 2012, des fouilles de l'INRAP menées sur 8 000 m2 ont mis au jour des niches funéraires. Le site peut être visité lors des Journées européennes du patrimoine.