Origine et histoire du Couvent des Bernardines
Le couvent des Bernardines se trouve à La Roche‑sur‑Foron, en Haute‑Savoie. Louise de Ballon prononce ses vœux à l'abbaye Sainte‑Catherine du Mont sous le nom de religion Thérèse et, avec l'appui spirituel de François de Sales, cherche à rétablir la stricte clôture ; après quinze ans de conflits elle s'établit à Rumilly, d'où le mouvement gagne La Roche‑sur‑Foron, puis Seyssel et Annecy. En 1626 elle acquiert le château du Saix pour y installer sa sœur Anne‑Gasparde ; à la fin des années 1660, la communauté, devenue plus nombreuse, fait édifier un monastère dans le faubourg Saint‑Bernard et s'y installe en 1670, alors qu'elle compte trente‑six religieuses. Le couvent perçoit un subside royal, mais connaît des difficultés de gestion ; les occupations de la Savoie par les troupes françaises aggravent la situation et imposent la reconstruction du couvent et de l'église. Une quête générale dans les diocèses de France permit de financer ces réparations et d'ériger une église de style dorique qui sert aujourd'hui de chapelle au collège, mais plusieurs religieuses durent solliciter des secours localement et certaines parcoururent la France, la Suisse et le Piémont pour recueillir des aides. Vers 1640 un incendie détruit la toiture du couvent et un autre ravage leur maison de Vallières. Outre leurs offices, les Bernardines assurent l'instruction des demoiselles des familles nobles et notables du Faucigny ; selon Gonthier la pension était communément de huit livres en 1737 et augmentait à la fin du siècle, et les comptes montrent que la sériciculture rapportait des revenus en 1774–1775. Face à l'état précaire de certains bâtiments et à la faible clôture d'Annecy, l'évêque propose de regrouper des communautés à Rumilly et à La Roche ; en 1752 les religieuses quittent le faubourg du Pâquier et vendent leurs bâtiments aux Cisterciennes non réformées de Bonlieu, partageant le produit entre La Roche et Rumilly. La situation financière s'améliore ensuite, mais la communauté cède une partie de ses biens pour maintenir son confort. Lorsque le duché de Savoie est uni à la République française, le monastère et ses biens sont déclarés biens nationaux et revendus ; ils sont ensuite cédés par Napoléon Ier à l'institution de la Légion d'honneur, puis acquis en 1807 par l'abbé de Thiollaz qui ouvre le Petit‑Séminaire Sainte‑Marie de La Roche. Les bâtiments de l'ancien couvent, au 86 faubourg Saint‑Bernard, abritent aujourd'hui le collège Sainte‑Marie ; la chapelle conserve un retable baroque daté de 1726 et les façades XVIIIe de la cour sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 21 décembre 1984. Le couvent de La Roche, issu de la maison de Rumilly, a donné naissance à des fondations à Toulon, Annecy, Cuers et plus tard Fréjus. Il possédait, outre l'abbaye, des chenevières, des champs, des vergers et une maison de ville à La Roche ; à Amancy un étang, une grange, un verger, des bois et un moulin ; à Etaux des champs et des broussailles ; et à Ayse des vignes et une maison aux Perrières. L'historien Jean‑François Gonthier dresse la liste des abbesses qui se sont succédé de 1626 à 1793, citant notamment Anne‑Gasparde de Ballon comme première supérieure et Anne‑Jaqueline Cartier comme dernière supérieure à la Révolution, et montrant que plusieurs abbesses furent réélues à plusieurs reprises et contribuèrent à fonder d'autres maisons. Des études et ouvrages sont signalés en bibliographie, notamment l'histoire du collège Sainte‑Marie par Claude Chatelain et l'étude de Gonthier sur les Bernardines de La Roche.