Origine et histoire du Carmel
Le couvent des Carmélites de Pontoise, ou ermitage Saint-Joseph, est un carmel fondé en 1605 et considéré comme le plus ancien carmel encore en activité en France. Il se situe à Pontoise, dans le Val-d'Oise, en périphérie du centre ancien ; l'entrée se trouve au 55 rue Pierre-Butin et le domaine occupe l'intérieur du pâté de maisons délimité par cette rue, la rue Seré-Depoin et la rue Thiers. Le site comprend un jardin potager, un verger suffisants pour nourrir les religieuses, ainsi qu’un lavoir. L'ermitage Saint-Joseph a reçu un décor réalisé par une carmélite en 1933-1934, qui témoigne de la vivacité du culte rendu à saint Joseph.
La première communauté s'installa provisoirement dans plusieurs maisons de la rue du Soleil, mais des problèmes d'eau imposant une stricte clôture amenèrent rapidement à rechercher un autre emplacement. Grâce au concours de Michel de Marillac et de Madame Acarie, dite sœur Marie de l'Incarnation, les carmélites purent s'établir dès 1610 dans les bâtiments de la rue Pierre-Butin qui sont toujours visibles. Sœur Marie de l'Incarnation se retira au carmel en décembre 1616 et y mourut en 1618 ; un mausolée commandé à Francesco Bordoni en 1626 est visible dans l'église du carmel.
Le monastère a exercé un rayonnement important, en partie grâce à ses prieures comme Jeanne de Jésus, et a bénéficié de la protection de Marie de Médicis puis d'Anne d'Autriche, qui rendirent visite aux Carmélites, accompagnées du jeune Louis XIV. Pendant la Révolution, les biens du monastère furent vendus en 1791-1792 et les religieuses expulsées en septembre 1792 ; pour préserver les reliques de Madame Acarie, celles-ci furent déposées dans la chapelle du château de Nucourt. Les bâtiments connurent ensuite des usages variés (prison, grenier à blé, armurerie, manufacture de tissage et de teinturerie). Quelques religieuses revinrent à partir de 1805 ; la ville racheta les lieux en 1818, puis les revendit aux carmélites de Versailles en 1820, qui y rétablirent la vie conventuelle en septembre 1821 ; les reliques de sœur Marie de l'Incarnation furent restituées le 7 mai 1822.
La communauté fit face à de nouvelles menaces d'expulsion en 1901 et 1936 ; en 2010 elle comptait environ une douzaine de religieuses. Le carmel est protégé au titre des monuments historiques : le portail avait été inscrit en 1942 et l'ensemble a fait l'objet d'inscriptions complémentaires en 1986 et 2002, couvrant façades et toitures, le sol du jardin, les murs de clôture et l'ancien rempart, certaines cellules et escaliers, l'ermitage Saint-Joseph et son décor intérieur.
Parmi les éléments de mobilier classés, on compte un antependium brodé sur soie rouge réalisé au premier quart du XVIIe siècle par Madame Acarie et ses consœurs, une nappe d'autel dite Tavayole aux dentelles et broderies influencées par la tradition espagnole et confectionnée au même siècle, plusieurs tableaux — dont un portrait de la bienheureuse Marie de l'Incarnation provenant du carmel d'Amiens, une Transverbération de sainte Thérèse d'Avila d'école française du XVIIIe siècle, une Ascension ou Jésus au ciel avec le concert des anges datée vers 1640-1650, ainsi qu'une petite huile sur verre représentant la Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste — et enfin un christ en croix composé d'une statuette en ivoire montée sur une croix en ébène, dans un cadre sculpté et doré, d'école germanique attribué au XVIIIe siècle, le Christ pouvant toutefois remonter au XVIIe siècle.
La cour extérieure du carmel est ouverte en journée et abrite une petite boutique où sont vendus des produits fabriqués artisanalement par le monastère et des cartes postales. L'église du carmel est ouverte au public et les offices y sont célébrés quotidiennement ; en revanche le monastère proprement dit, y compris le cloître et les jardins, ne se visitent pas, y compris lors des Journées européennes du patrimoine.