Origine et histoire du Couvent des Carmes
Le couvent des Carmes d'Avon, à Avon (Seine-et-Marne), présente un parc dont l'architecture est liée à celle du château de Fontainebleau. L'ensemble intègre l'ancien hôpital des Frères de la Charité, fondé au XVIIe siècle par la reine Anne d'Autriche ; le portail porte la date 1665. Construit au bord du grand canal du château, cet hôpital comprenait un moulin dont les revenus devaient couvrir les frais. Ruiné pendant la Révolution et dissous par le Directoire en 1796, il servit successivement de petit séminaire avant d'être confié aux rédemptoristes en 1860, qui en firent un lieu de mission avant d'être expulsés sous la Troisième République. À partir de 1920, les carmes déchaux, de retour d'exil, s'y installèrent et le bâtiment fut inscrit au titre des monuments historiques en 1926. À la demande du supérieur Louis de la Trinité, le Petit collège Sainte‑Thérèse‑de‑l'Enfant‑Jésus fut fondé en mars 1932 et ouvrit en octobre de la même année. Dirigé par le père Jacques de Jésus et, à partir de 1934, assisté par Philippe de la Trinité comme sous‑directeur, l'établissement fut agrandi cette même année pour mieux accueillir les élèves. D'abord voué à la formation religieuse, le collège s'ouvrit plus largement et accueillit principalement des élèves de l'aristocratie et de la bourgeoisie du nord de la France. Il comptait une centaine d'internes, de la sixième à la terminale, et le père Jacques y développa une pédagogie réputée innovante. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le milieu carme responsable de la revue et de la collection Études carmélitaines fut un foyer actif de résistance au Troisième Reich. Parmi les figures liées à ce milieu figurent le père Jacques, mort en déportation pour avoir caché des enfants juifs, l'amiral Thierry d'Argenlieu, qui rejoignit Londres en 1940, et le père Philippe de la Trinité, membre de l'Assemblée consultative provisoire. Louis de la Trinité rejoignit également le général de Gaulle à Londres ; sur place, le père Philippe et le père Jacques participèrent à la résistance au sein du réseau Vélite‑Termopyles, et le collège hébergea des réfractaires, des professeurs juifs évincés et des enfants juifs. À la suite d'une dénonciation, la Gestapo intervint le 15 janvier 1944 : le père Jacques et trois enfants juifs furent arrêtés et déportés, et le collège fut fermé. Ces événements de l'Occupation sont évoqués dans le film Au revoir les enfants de Louis Malle (1987). Après la Libération, le Petit collège reprit ses activités sous l'autorité du père Paul‑Marie de la Croix jusqu'à sa fermeture en 1960, puis les locaux accueillirent l'INSEAD pendant trois ans. Le couvent conserve sa fonction religieuse : il abrite les postulants et les novices carmes de la Province de Paris et fonctionne toujours comme centre spirituel, proposant de nombreuses retraites.