Origine et histoire du Couvent des Jacobins
L'ancien couvent des Jacobins de Saintes, fondé au début du XIIIe siècle (vers 1292), accueillait une communauté de dominicains jusqu'à la Révolution. L'ensemble conventuel fut largement reconstruit au XVe siècle, époque à laquelle furent élevés l'église et la salle capitulaire, qui constituent les principaux vestiges médiévaux visibles aujourd'hui. De la chapelle du XVe ne subsiste que la partie orientale : la nef avait été démolie lors de l'aménagement de l'hôtel Martineau. Le chevet conserve une grande verrière à remplage flamboyant datée de 1446 et un portail latéral à fronton curviligne daté de 1762 ; l'élévation sud comporte également une baie gothique. Un état des lieux établi en 1723 montre que le couvent était alors en très mauvais état, occupé par une dizaine de religieux et disposant de revenus modestes. Expulsés pendant la période révolutionnaire, les frères dominicains virent leurs bâtiments vendus comme biens nationaux et transformés en demeures privées. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Maurice Martineau, négociant en cognac, bibliophile et amateur d'art, acquit progressivement l'ensemble du quadrilatère bâti — en 1883 puis en 1914 — et fit édifier un corps de logis moderne appelé hôtel Martineau. Inspiré par l'Art nouveau et par l'éclectisme de la fin du XIXe siècle, il fit appel à des maîtres verriers et faïenciers réputés : la demeure reçoit notamment des vitraux de Marcel Delon et des céramiques de Théodore Deck. Par son legs à la ville réalisé en 1928, Maurice Martineau transmit sa riche bibliothèque et les bâtiments de l'ancien couvent. Aménagé en bibliothèque municipale dès 1938, le site prit en 2001 le nom de médiathèque François-Mitterrand. La médiathèque occupe plusieurs salles de lecture, deux cloîtres, un déambulatoire et quatre jardins répartis sur trois niveaux ; une ancienne chapelle réaménagée en salle d'exposition est appelée chapelle de l'Étoile en raison du décor de son plafond. Une partie du bâtiment a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 1er octobre 1987 : le rez-de-chaussée de l'aile principale fermant la cour à l'ouest, le hall d'entrée avec son escalier, et le bâtiment en retour le long de la rue des Jacobins (extérieurs et décors intérieurs). La chapelle attenante à l'église fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 22 avril 2004. L'église de l'ancien couvent est classée au titre des monuments historiques depuis le 18 août 2005 ; elle conserve à l'intérieur une inscription en lettres gothiques comportant la date de 1446.