Origine et histoire du Couvent des Jésuites
Dès 1558, les consuls d'Aix souhaitaient moderniser l'enseignement en créant un collège. En février 1583, les États de Provence décidèrent d'établir cet établissement et accordèrent un crédit de 3 000 livres pour sa construction. Les consuls, des personnes de qualité et l'archevêque choisirent d'ériger le collège au Jardin du Roi, hors de la ville, sur un terrain appartenant à Jean de La Ceppède ; la maison et l'enclos furent achetés le 15 juin 1583. La ville sollicita le révérend père général des jésuites Claudio Acquaviva pour qu'il accepte le collège ; il remit sa réponse le 9 juin 1583 et refusa. Le 22 juin, Henri de Valois, comte d'Angoulême, grand prieur de France et gouverneur de Provence, donna son accord pour engager les travaux aux frais de la ville, et le prix-fait du maçon Honoré Orcel fut accepté le 1er février 1584. En 1593, les consuls reprirent contact avec Claudio Acquaviva, qui dépêcha le recteur du collège d'Avignon, Fabricio Pallavicino, pour visiter le projet ; la ville s'engagea à verser une rente annuelle de 3 000 livres et le contrat fut signé le 29 septembre 1593, fixant que l'église et le collège porteraient le nom de Saint-Michel. L'acte d'habitation des jésuites à Aix fut établi le 10 octobre 1593, mais, après l'attentat de Jean Châtel contre Henri IV, les jésuites furent interdits en France et ne revinrent qu'en 1605. À la demande des consuls, Henri IV créa une nouvelle université à Aix : le collège communal fut lié à la faculté des arts et autorisé à prendre en octobre 1603 le nom de Royal-Bourbon. Entre 1604 et 1621, les régents laïcs furent Cousson, Suisse, Jean Ansénius et Jean-Baptiste Roseau. Une congrégation de jésuites s'établit dans les années 1620 et, par lettres patentes de Louis XIII du 6 février 1621, les pères furent installés au Collège royal de Bourbon ; la faculté des arts disparut alors que la direction passa aux jésuites. Le collège royal de Bourbon et la chapelle Saint-Louis furent remis à la Compagnie de Jésus avec la rente annuelle de 3 000 livres, remise en possession par Vincent-Anne de Forbin-Maynier au père Claude Suffren, et les anciens régents furent remplacés. Un premier projet d'église date de 1624 mais n'a pu être réalisé faute de moyens ; la chapelle Saint-Louis fut ultérieurement détruite. En 1658, Pierre Puget peignit La Visitation et l'Annonciation pour décorer la chapelle. Le marché de construction de la nouvelle église fut finalement passé en 1681 avec les frères Laurent et Jean Vallon, tailleurs de pierre, le maçon Claude Lieutaud et les artisans Jean et Antoine Reynaud ; l'auteur du plan demeure inconnu. En 1686, l'élévation atteignit la corniche de l'ordre ; la poursuite des travaux dépendit des fonds disponibles, la voûte étant réalisée entre 1690 et 1698, et l'église étant bénite le 9 octobre 1698. La façade resta inachevée : l'appareil de parement s'interrompt au niveau d'un piédestal de second ordre non réalisé et les chapiteaux du premier ordre sont seulement épannelés. La chapelle du collège fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1982, après une inscription antérieure en 1949 qui avait été annulée.