Origine et histoire du Couvent Saint-Dominique
Le couvent Saint-Dominique de Corbara, ancien couvent Saint-François de la Pieve d'Aregno, a été fondé en 1456 ; certaines sources le situent toutefois vers 1430. Nationalisé à la Révolution, il fut vendu aux enchères puis acquis par Pascal et Louis Orticoni, qui mirent l'église à la disposition de la paroisse tandis que deux ailes du couvent tombaient en ruine. Au cours des années 1857-1864, les dominicains entreprirent la reconstruction des bâtiments avec l'architecte Bourard et quelques frères convers, remettant en état l'église et complétant les ailes conventuelles. Cette restauration permit l'installation d'une école en 1857, qui ferma en 1860, ainsi que d'un collège de philosophie et de théologie. Le couvent, important dans la province franciscaine de Corse et chargé traditionnellement de la formation des novices et des profès, a compté de neuf à quatorze religieux selon les périodes. Après la loi de séparation de 1905, il resta inoccupé jusqu'en 1914 puis fut transformé pendant la Première Guerre mondiale en centre d'internement pour civils allemands et austro-hongrois ; certains détenus laissèrent des décors peints dans des cellules et figurent parmi des artistes et artisans tels que Léo Wenger, Rodolphe Popper, Edouard Paschke ou Frédéric Kolbel. Mis en bail emphytéotique à partir de 1927, le site connut plusieurs cessions et remises en état, notamment lorsque le bail fut repris en 1961 par le Ritiro de Corbara, puis en 1993 par l'association diocésaine qui favorisa l'installation des Frères de Saint-Jean, présents depuis cette date pour veiller à l'entretien. L'ensemble du couvent, bâtiments conventuels, cloître, église et clocher, est inscrit à l'inventaire national des monuments historiques par arrêté du 28 novembre 2011. Architectoniquement, l'ensemble est formé de quatre ailes disposées autour d'un jardin de cloître rectangulaire, s'ouvrant sur celui-ci par des arcs en plein cintre. L'église, adossée à l'aile sud, se compose d'une nef à vaisseau central bordée de chapelles latérales voûtées en berceau avec lunettes ; le chœur comporte une travée droite prolongée par une abside en cul-de-four. La tour-clocher est coiffée d'un lanternon couronné par un dôme. Les bâtiments conventuels comprennent deux niveaux sur rez-de-chaussée, au-dessus d'un étage de soubassement abritant caves et pressoir. Au fil des siècles, le couvent a accueilli des religieux et des visiteurs illustres, parmi lesquels Guillaume Savelli, François-Antoine Mariani, Pascal Paoli, Guy de Maupassant, le père Didon et le cardinal Roncalli, futur pape Jean XXIII.