Origine et histoire du Couvent Saint-François
La façade de l'église gothique date du XVe siècle (1410 et 1483) ; le chœur et le clocher appartiennent au XVIIIe siècle (respectivement 1750 et 1723). Le couvent Saint-François, ancien couvent franciscain du Vieux-Nice situé dans les Alpes-Maritimes, n’existe aujourd’hui que sous forme de vestiges. Une réhabilitation de l’ensemble a été engagée par la municipalité en 2016 afin de lui rendre son apparence d’origine.
Selon la tradition, les franciscains s’établissent à Nice en 1239 dans le couvent Saint-Récupérat, à l’est du port Lympia. Onze ans plus tard, mis en danger par les pillards, leur supérieur Raymond Ricardi décide d’édifier un nouveau couvent au pied de la colline du château. Le 17 novembre 1250, le meunier Augier Badat donne un terrain « pour le salut de [son] âme » ; le couvent est alors construit aux emplacements actuels de la rue de la Tour et de la place Saint-François.
Pierre Gioffredo rapporte la consécration d’une chapelle en 1377 et celle de plusieurs autels en 1448. Des travaux de 1483 renouvellent la voûte de l’église, initialement dénommée Sainte-Croix puis dédiée à saint François, et agrandissent les caveaux. En 1477, le frère Louis Terrini fait ériger une croix au milieu du cimetière du couvent, sur l’emplacement de la place actuelle ; il s’agit de la croix dite de Cimiez.
Le couvent subit d’importants dégâts lors des trois sièges de Nice, notamment celui de 1705-1706. Après l’annexion du comté de Nice par la Première République française en 1792, les autorités expulsent les frères et convertissent le couvent en corps de garde, tribunal civil et tribunal de commerce, ainsi qu’en bureau du magistrat de santé. Les troupes napoléoniennes utilisent une partie du lieu comme écurie avant leur départ pour la première campagne d’Italie.
Le 17 mai 1798, Jean-Louis Truchi et Joseph Pollan rachètent le couvent aux enchères pour 343 000 francs, puis, le 20 juillet, l’église est vendue à Joseph Tomassi et Toulane pour 209 000 francs. Le couvent devient ensuite l’hôtel de l’Aigle d’Or, avant d’être acquis par la ville, qui y installe la Confédération générale du travail des Alpes-Maritimes. L’église sert, au rez-de-chaussée, de fabrique de glace puis de locaux pour le service de nettoiement, et, au premier étage, de cinéma puis de dancing.
La tour du clocher remplace d’abord un clocheton à deux cloches ; en 1722 est érigé un clocher coiffé d’une coupole et d’une croix élancée. En 1798, l’État vend le couvent mais conserve la tour pour la commune afin d’y installer une horloge, la seule horloge publique alors étant celle de la tour Rusca. Un devis est rédigé en 1813, mais le projet n’aboutit que plusieurs décennies plus tard, la structure se dégradant et la coupole menaçant de s’effondrer.
En 1836 la commune réunit 2 000 lires pour la rénovation et l’installation d’une horloge et charge l’architecte Joseph Vernier d’évaluer le coût. En 1837 Vernier propose un projet à 3 380 lires prévoyant la démolition de la coupole et de l’attique supérieur, la construction d’un nouvel attique carré de 8,7 mètres destiné à recevoir l’horloge, l’installation d’un campanile et l’uniformisation de la partie conservée du clocher, la pierre devant provenir de la carrière de Bon Voyage. En août 1838, l’entrepreneur Bernard Spinetta est choisi aux enchères avec une offre inférieure de 15 %. En juillet 1838 la ville confie à l’horloger Auguste Davin l’installation et l’entretien d’une horloge fabriquée à Morez.
En 1839 la ville achète une cloche de 100 rubs (environ 800 kg) auprès du fondeur Dominique Rosina, mais celle-ci est défectueuse et retirée ; une commande pour une cloche de 140 rubs (1 100 kg) n’est jamais livrée. En mars 1840 la fonderie Pagano et Boero de Gênes livre une cloche de 200 rubs (1 500 kg), faute d’avoir précisé le poids, ce qui impose des travaux supplémentaires sur le campanile et l’ossature métallique et entraîne un appel aux dons. En janvier 1841, quatorze donateurs rassemblent 1 200 lires. La réception des travaux a lieu le 16 avril 1841.
La tour du clocher, le chœur et la façade latérale de l’ancienne église sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du 23 juin 1993. Le site, qui se développe au XIIIe siècle avec la construction du couvent et de l’église puis, trois siècles plus tard, du palais communal, évolue jusqu’au XVIIIe siècle avec l’ajout de chapelles latérales, d’un clocher haut de 41 mètres, d’un cimetière, d’un cloître et d’ornements baroques. À partir du milieu du XIXe siècle, des propriétaires privés transforment les bâtiments ; au début du XXIe siècle la municipalité les rachète progressivement et engage la rénovation du couvent et du palais communal en 2016, suivie des travaux sur la tour et l’église en 2018, tandis que la place est rénovée entre 2018 et 2019. Il s’agit de l’une des plus importantes réhabilitations du patrimoine historique de la deuxième décennie du XXIe siècle en France ; les travaux de l’ancienne église devaient s’étaler sur trois ans, de 2018 à 2021.