Origine et histoire du Couvent Sainte-Garde-des-Champs
Notre-Dame de Sainte-Garde est un établissement conventuel situé à Saint-Didier, dans le Vaucluse. En 1666, Alexandre Martin, curé de Saint-Didier, fit ériger en ce lieu une chapelle dédiée à la Vierge sous le titre de Notre-Dame de Sainte-Garde et y ajouta un petit bâtiment pour l’accueil des retraitants. À partir de 1699, l’abbé Martin fut rejoint par plusieurs prêtres avignonnais — Laurent-Dominique Bertet, Esprit de Benoît, Raymond Maselli et Joseph François de Salvador — qui fondèrent la congrégation des Prêtres missionnaires de Notre-Dame de Sainte-Garde, active jusqu’à la Révolution française et responsable de plusieurs séminaires, dont un à Avignon. Par contraste, le séminaire de Saint-Didier prit l’habitude d’être appelé Sainte-Garde-des-Champs. Le 24 septembre 1747, une chapelle plus vaste fut consacrée par l’évêque de Carpentras, Mgr d’Inguimbert. Pendant la Révolution, les prêtres furent dispersés et les lieux vendus comme biens nationaux; la voûte de la chapelle fut détruite pour installer une verrerie, puis l’ensemble servit de magnanerie. Sous la Restauration, un groupe de prêtres et de laïcs pieux réunis autour de l’abbé Albert-Venance Morel racheta les bâtiments et y installa en 1818 un petit séminaire, confirmé par ordonnance royale le 17 mars 1824. Tout au long du XIXe siècle, le petit séminaire forma plusieurs générations de garçons, parmi lesquels Léon Barnouin (1815-1888) et plusieurs félibres tels que Félix Gras, Clovis Hugues, Victor Lieutaud, Malachie Frizet et François Jouve; la présence à Sainte-Garde de l’abbé Emmanuel Bernard (1838-1913), défenseur du provençal, contribue à expliquer ce courant littéraire. À partir de 1833, les bâtiments furent progressivement édifiés pour donner au site son aspect actuel; la chapelle dessinée par l’abbé Joseph Pougnet fut construite entre 1859 et 1863 et bénie en 1867. La loi de séparation des Églises et de l’État entraîna en 1906 la fermeture du petit séminaire; les bâtiments furent alors attribués au département, qui reçut consigne de ne pas les vendre afin d’éviter un rachat par l’Église. Au XXe siècle, les locaux furent successivement affectés à un hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale, puis, dans les années 1930, à une École de Plein Air accueillant des enfants retirés à la garde de leurs parents. Après l’invasion de la zone libre en 1942, une partie des bâtiments fut réquisitionnée par l’armée allemande et transformée en hôpital; en 1944, les Allemands tentèrent d’incendier Sainte-Garde en fuyant, mais le site fut sauvé par les habitants de Saint-Didier, et quelques piliers restent marqués par les flammes. L’École de Plein Air poursuivit ses activités jusqu’en 1971, date à laquelle les bâtiments, insuffisamment entretenus et jugés dangereux, furent évacués. Le domaine fut ensuite racheté et restauré par l’Institut Notre-Dame de Vie; l’édifice est inscrit aux monuments historiques depuis 1981, la restauration permettant d’accueillir des retraitants, et depuis 2013 le Studium de Notre-Dame de Vie, institut d’enseignement de la théologie catholique, y est installé.