Origine et histoire du Couvent Sainte-Marie
Le couvent Sainte-Marie est un ancien couvent d'Annonay, situé dans le centre historique, rue Sainte-Marie, dominant la vallée de la Deûme. Son architecture s'organise autour d'un bâtiment central flanqué de deux ailes, dont les angles extrêmes sont marqués par des tours rondes ; la cour ainsi formée était autrefois le cloître, ouvert sur les jardins conventuels en contrebas (aujourd'hui disparus) et sur la ville. L'aile nord abrite l'ancienne chapelle, dont le plafond et les boiseries sont remarquables.
Fondé en 1630, le couvent a accueilli en 1633 des religieuses de Notre‑Dame de Bordeaux chargées d'éduquer des jeunes filles défavorisées ; une chapelle leur était attenante. En 1686 l'établissement est agrandi par la construction de l'aile sud et la chapelle est embellie. En 1748 les bâtiments centraux sont reconstruits et une partie du cloître disparaît. L'établissement scolaire cesse d'exister avec la Révolution ; le couvent est vendu comme bien national puis devient propriété de la ville d'Annonay.
Bien que les religieuses soient autorisées à réintégrer les lieux, elles ne purent revenir faute de réparations : des prisonniers autrichiens et espagnols des guerres révolutionnaires avaient utilisé planchers, portes et boiseries pour se chauffer. Madame de l’Hermuzière, supérieure d'une communauté d'ursulines issue de la Révolution, s'y installe avec ses sœurs ; elles prennent le bail, font exécuter les réparations et reprennent l'éducation d'environ quatre‑vingt jeunes filles défavorisées. Elles agrandissent le couvent en 1865 en construisant l'aile jouxtant une face latérale de la chapelle.
Au début du XXe siècle, les lois sur les congrégations entraînent l'expulsion des ursulines ; la supérieure et ses sœurs sont traduites en justice pour avoir refusé de quitter l'établissement en raison des religieuses âgées et malades qu'elles soignaient. L'établissement ferme puis rouvrira ailleurs ; il existe encore en 2013 sous le nom de collège Notre‑Dame. Pendant la guerre de 1914–1918, 2 500 réfugiés alsaciens et Meusiens sont hébergés dans des locaux vides d'Annonay, dont une partie dans l'ancien couvent.
Par la suite, les locaux accueillent diverses activités : un local de gymnastique, un musée dont les collections constitueront la base du musée vivarois César‑Filhol, une école publique et des logements pour employés municipaux. La chapelle, affectée au culte jusqu'en 1904, sert ensuite de salle de réunions puis de dépôt municipal ; elle est inscrite au titre des monuments historiques le 3 mars 1981. Débarrassée du matériel qu'elle contenait, son plafond et ses boiseries sont restaurés et un retable, à l'origine celui de la chapelle Sainte‑Claire, y est installé dans les années 1990. Aujourd'hui la chapelle a été transformée en studio chorégraphique et sert également de salle d'expositions et de concerts. Les logements situés dans les bâtiments conventuels ont été reconstruits entre la fin du XXe et le début du XXIe siècle : seuls les murs extérieurs datent encore de l'époque.