Origine et histoire du Couvent Sainte-Marthe
Le couvent Sainte-Marthe est situé au cœur de Périgueux, en Périgord, sur la rive droite de l'Isle, et appartient à la commune au 2 rue de la Cité. Édifié au XIXe siècle sur les vestiges des remparts de Vésone, classés au titre des monuments historiques le 7 janvier 1942, il conserve en ses murs une chapelle du XVIe siècle. Cette chapelle, dédiée à saint Jean-Baptiste et intégrée dans l'enceinte du couvent, est un petit édifice remarquable pour la disposition de ses voûtes ogivales et pour l'ornementation de ses claveaux, entièrement couverts de fines arabesques de style Renaissance. La chapelle elle-même serait d'origine plus ancienne, peut‑être du XIIe siècle, mais son chœur, détruit puis reconstruit au début du XVIe siècle, porte une inscription sur le contrefort sud‑est indiquant le commencement des travaux en 1521.
Au XVIe siècle, la ville passa un temps sous domination protestante (1575‑1581) et subit des destructions signalées par des chroniqueurs locaux ; après la reprise par les catholiques, l'usage liturgique évolua : en 1607 les chanoines de la cathédrale Saint‑Étienne firent célébrer le culte dans la chapelle Saint‑Jean‑Baptiste, la cathédrale étant alors en ruines. En 1647 la chapelle fut concédée à la confrérie des Pénitents blancs, mais sa nef fut rasée en 1817 pour en chasser ces religieux ; il ne subsiste aujourd'hui que le sanctuaire, la nef détruite mesurant alors 19 m de longueur.
La congrégation de Sainte‑Marthe, fondée à Périgueux en 1643, prit en charge l'hôpital Brunet, alors appelé Hôpital Sainte‑Marthe ; les religieuses furent expulsées durant la Révolution puis réintégrèrent l'hôpital entre 1802 et 1835. En 1852 les sœurs s'installèrent dans le couvent construit pour elles au nord de l'ancienne cathédrale ; une nouvelle chapelle pour le couvent fut édifiée en 1856 et agrandie en 1876. La statue de sainte Marthe, placée au‑dessus de l'entrée, est l'œuvre du sculpteur Germain Goudeau.
Les religieuses réutilisèrent des pierres des anciennes fortifications romaines pour aménager un jardin de rocailles appelé la Montagne Chambon. Le couvent fut classé au titre des monuments historiques, pour sa chapelle du XVIe siècle, le 29 novembre 1888. En décembre 2015 les quatre sœurs encore présentes quittèrent les lieux pour Trélissac et l'institution mit le couvent en vente, à l'exclusion de l'école et du collège attenants ; la chapelle Saint‑Jean‑Baptiste resta propriété de la ville de Périgueux. De nombreux objets et du mobilier (vaisselle, draps brodés, tableaux, crucifix, armoires, stalles, la statue de sainte Marthe et une cloche de 1856) furent dispersés lors de ventes aux enchères en avril et juin 2016.
Vendu en 2017 à un groupe immobilier, le site devait être restructuré et agrandi pour accueillir une maison de retraite ; la mairie a accordé en décembre 2018 un permis de construire pour une résidence services seniors de 93 logements sur cinq niveaux, destinée à remplacer l'école Sainte‑Marthe. Lors des fouilles archéologiques préalables en 2019, des vestiges du palais épiscopal et une portion de l'aqueduc gallo‑romain furent mis au jour. La résidence, dénommée « Les Jardins d'Arcadie » et composée de 92 logements, devait ouvrir en juin 2023.
Architecturalement, la chapelle Saint‑Jean‑Baptiste se compose en fait de deux niveaux de chapelles, au rez‑de‑chaussée et à l'étage, toutes deux voûtées en ogives. Parmi les éléments du mobilier, une copie du XVIIIe siècle d'un portrait en buste de saint Vincent de Paul, toile originale attribuée à Simon François, est exposée dans le couvent ; ce tableau a été classé au titre des monuments historiques le 17 juillet 1970. Des clefs de voûte et plusieurs sculptures en bas‑relief ornent encore l'édifice.