Origine et histoire de la Creute du Caïd
La Creute du Caïd est une ancienne carrière souterraine de calcaire, dite « creute » en picard, située au lieu-dit le Fond de Boulancourt, à un kilomètre au nord-est d'Aizy-Jouy (Aisne). Creusée au cours du XIXe siècle, elle a servi à l'extraction principalement de vergelé et de banc royal et a été exploitée intermittemment jusqu'au début des années 1950. Cette carrière, anciennement nommée d'après son propriétaire, monsieur Régnier, se trouvait à quelques centaines de mètres de la ligne de front pendant la Première Guerre mondiale et fut utilisée comme dépôt de munitions. Elle connut des occupations successives : par les troupes allemandes de 1914 à 1917, par les Français de septembre 1917 à mai 1918, puis de nouveau par les Allemands de mai à septembre 1918; l'armée française en reprit possession à la fin septembre 1918 (les sources indiquent les 28 ou 29 septembre, et mentionnent aussi la prise par la 127e division d'infanterie le 6 mai 1917 et la reprise par les Allemands le 27 mai 1918). Treize bas-reliefs, gravés par des soldats français durant la guerre, ornent les parois ; huit d'entre eux, rassemblés sur une même paroi, sont particulièrement remarquables. Ces sculptures représentent notamment un écu portant l'inscription « Dieu et Patrie », deux rouleaux de parchemin déployés avec inscriptions, deux canons entrecroisés surmontés d'un cor de chasse, les principaux monuments de Paris, un crucifix avec la muraille de Jérusalem en arrière-plan, une ancre accompagnée d'un parchemin portant l'inscription « Je crois en Dieu », un médaillon abritant le Sacré-Cœur avec l'inscription « Que votre règne arrive », et des drapeaux français et américain entrecroisés surmontés d'une étoile. Des objets de la Première Guerre mondiale, dont un poêle Godin, ont également été retrouvés dans la creute. La carrière a ensuite poursuivi une exploitation sporadique avant sa fermeture dans les années 1950. Elle a été inscrite intégralement au titre des monuments historiques en 1999, et le mur supportant les bas-reliefs a été classé la même année.
