Origine et histoire du domaine archéologique de Mané-Véchen
La villa gallo-romaine de Mané-Véchen est un site archéologique situé à Plouhinec (Morbihan), sur un éperon rocheux dominant la rive droite de l'estuaire de la rivière d'Étel ; il est classé au titre des monuments historiques depuis le 12 mai 2010 et est ouvert à la visite depuis 2007. Il s’agit d’un petit établissement côtier organisé autour d’une cour rectangulaire bordée de trois ailes en « U », l’ensemble couvrant environ 1 200 m² et la cour mesurant environ 27 m sur 32 m, avec un bassin central. L’accès se faisait par un porche au sud ; deux pièces au plafond décoré précédaient l’entrée principale. L’aile sud abritait une grande salle de réception, tandis que l’aile ouest comprenait deux salles desservies par un corridor ; les ailes est et nord, sans portique, ouvraient directement sur la cour et étaient bordées de plusieurs salles et d’un couloir. À l’arrière de l’aile nord se trouvent trois pièces attribuées à une cuisine, à un cellier et à un petit appartement, et un jardin d’hiver a été aménagé au sud. Un petit bâtiment au sud‑ouest, ressemblant à un silo et doté d’un double mur, semble avoir servi à maîtriser la chaleur. La villa possédait des installations de chauffage par le sol (hypocauste) et des tubuli, ainsi que des aménagements d’eau et de canalisation. Les fouilles ont mis au jour des décors intérieurs riches et variés : exèdres voûtées peintes, panneaux imitant le marbre, un décor montrant Vénus entourée de deux amours, une frise ornant un portique et des stucs figurant animaux et personnages mythologiques ; on a également reconnu une bibliothèque ou salle d’archives, une salle chauffée meublée de banquettes et un jardin intérieur doté d’une pergola ou d’une volière. Les campagnes de fouilles ont livré un mobilier abondant — céramiques, monnaies, outils, armes, fibules, fragments sculptés et enduits peints — ainsi que un haut‑relief dionysiaque et des éléments de statues. Un trésor de quelque 21 000 monnaies (deniers antonins, sévériens et antoniniens) a été découvert dans un vase situé dans un patio, et des fondations d’une tour carrée de 7,20 m de côté ont été mises au jour, peut‑être liées à un fanal ou à un silo. La construction de l’ensemble remonte à la fin du IIe siècle ; le site connaît une occupation différente à la fin du IIIe siècle et au début du IVe siècle après un incendie partiel, puis est abandonné au début du IVe siècle. Après 274, un sous‑sol a servi ponctuellement à la frappe de monnaies, et les vestiges montrent que les occupants postérieurs ont pratiqué, pendant quelques décennies, des activités d’élevage et de boucherie à grande échelle, ainsi que des activités artisanales et militaires. Longtemps présentée comme une villa rurale, l’interprétation du site a évolué : une inscription conservée au musée de Bretagne et la nature des aménagements suggèrent qu’il pourrait s’agir d’un édifice maritime de prestige — palais ou siège d’une société exploitant les ressources littorales (sel, salaisons) — jouant un rôle décisionnel dans les activités commerciales et maritimes de la région. Les fouilles conduites depuis 1970, et intensifiées entre 2000 et 2007, ont permis de protéger le monument et de révéler des décors intérieurs parmi les plus remarquables connus en Gaule. En été, le parc archéologique accueille des visites guidées et des rencontres avec les archéologues, et le mobilier découvert est présenté lors des journées européennes du patrimoine.