Période
1ère moitié XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Le château (cad. Yville-sur-Seine D 240) : inscription par arrêté du 7 octobre 1931 - Le domaine en totalité, soit l'ensemble du bâti, de la clôture, le parc et les perspectives (cad. Yville-sur-Seine D 65, 66, 77, 121, 122, 124 à 128, 130 à 132, 135 à 139, 240, 248, 249, 253, lieuxdits le Grand Jardin, Port d'Yville et Le Village ; C 162, lieudit la Grande Ferme ; Mauny C 5, 10, 11, 150, 156, 217, lieuxdits Cote d'Yville et Vente Saillot) ainsi que le parc à gibier (cad. Barneville-sur-Seine (27) C 35, 41 à 43, lieudit Le Parc) : inscription par arrêté du 19 novembre 2002
Origine et histoire du Château d'Yville
Le château d'Yville est une demeure du début du XVIIIe siècle située à Yville-sur-Seine, dans le département de la Seine-Maritime en Normandie ; il est une propriété privée inscrite au titre des monuments historiques. Perché sur une terrasse qui domine un méandre de la Seine, il occupe le territoire de la commune éponyme. Selon la tradition, une chapelle fondée au XIIIe siècle appartenait autrefois au pouillé du fief de Guillaume d'Yville, et en 1407 Jacques de Trie rend aveu pour un manoir seigneurial doté d'un colombier, de granges, d'étables et de jardins ; ce manoir fut détruit en 1708. La reconstruction de la demeure est entreprise en 1708 par François Le Menu de Lanoé sur des plans attribués à Jules Hardouin-Mansart, mais les travaux sont laissés inachevés et interrompus en 1717 pour cause de faillite. Les créanciers cèdent ensuite le château à John Law de Lauriston, qui le possède de 1720 à 1723 avant d'être déclaré en banqueroute ; l'adjudication se poursuit en 1723 au profit de Jean-Prosper Goujon, marquis de Gasville. L'architecte Jean-Jacques Martinet reprend les travaux entre 1723 et 1735 selon un devis rédigé par Flambart, intendant d'Yville, tandis que l'on replantera le jardin ; pour l'ouvrage, on emploie une belle pierre de taille calcaire locale, associée à de la brique en remplissage et à des pans de bois. L'ensemble est presque achevé en 1735 et Jean-Prosper Goujon de Gasville s'y installe en 1742 ; la rampe de fer du grand escalier est commandée en 1766 à Louis Gérome Hegaux, maître serrurier à Caudebec. Pierre Charles Auguste Goujon de Gasville épouse en 1785 Charlotte Marie de Malartic, et au XXe siècle la propriété appartient à la famille Maurès de Malartic ; en juillet 1931 Arnauld de Maurès de Malartic y reçoit le ministre de l'Agriculture André Tardieu, accompagné du préfet Joseph Desmars et du sénateur Gaston Veyssière. En 1943, le château sert de poste de commandement à la 21e Panzerdivision puis à la 9e Panzerdivision. Restauré et habité à partir de 1983 par Michel Frances et son épouse Claude jusqu'au décès de Michel en 1996, le château est vendu en 1997 à un Anglais qui en est l'actuel propriétaire. L'expertise de Gilles Hue, architecte à Pont-Audemer, note qu'un château commencé au XVIIe siècle mesurait 66 pieds de long sur la face du jardin, mais que des éléments sont laissés à l'abandon : deux petits perrons de sortie de la cour vers le jardin d'honneur, les communs et les basses-cours nécessitent des réparations, les jardins sont en très mauvais état avec environ 300 arbres et six carrés signalés près du colombier, et les avenues de la cour d'honneur ont disparu. La visite de 1723 décrit la chapelle du château comme solidement bâtie et sise dans la cour d'honneur, éloignée de la demeure de 150 pieds, longue de 40 pieds sur 20 de large, pourvue de quatre grandes fenêtres (deux côté bois de Mauny et deux côté Seine), lambrissée en sapin et dotée d'un plafond ou d'une voûte en plâtre. Au titre des monuments historiques, le château est inscrit par arrêté du 7 octobre 1931, et le domaine dans sa totalité — l'ensemble bâti, la clôture, le parc et les perspectives ainsi que le parc à gibier — est inscrit par arrêté du 19 novembre 2002 ; le parc à gibier se situe dans l'Eure, sur la commune de Barneville-sur-Seine.