Période
XVe siècle, XVIe siècle
Patrimoine classé
Château : classement par liste de 1840 ; Parc (également sur communes de Civray-de-Touraine et Francueil) (cad. C 1 à 3, 7 à 24 ; E 307, 831, 842, 932, 933, 938, 939, 941, 944, 945, 961 à 964, 1118 à 1123, 1183, 1200, 1201, 1202) : classement par arrêté du 7 novembre 1962
Origine et histoire du Château de Chenonceau
Le château de Chenonceau, en Touraine, s'étend sur le Cher entre les communes de Chenonceaux et Francueil; sa galerie à deux étages qui enjambe la rivière en fait l'un des fleurons de l'architecture du Val de Loire. Classé monument historique depuis la liste de 1840, son parc est protégé depuis 1962 et l'ensemble a été intégré au périmètre du Val de Loire inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2017. Les origines du site remontent au XIIIe siècle, lorsque la seigneurie des Marques y établit un premier château et un moulin fortifié; de cette période subsiste la tour sud‑ouest dite « tour des Marques ». Après des destructions liées à la guerre de Cent Ans, Thomas Bohier acquiert le domaine puis, avec son épouse Katherine Briçonnet, engage la transformation Renaissance du logis édifié sur les piles de l'ancien moulin ; les travaux principaux se déroulent entre 1513 et 1521 sous la conduite de Katherine. Endettée par la suite, la famille Bohier cède Chenonceau à la Couronne et Henri II offre le domaine à Diane de Poitiers en 1547 ; celle‑ci aménage des jardins et fait réaliser le pont sur le Cher confié à Philibert Delorme. À la mort d'Henri II, Catherine de Médicis prend possession du château et entreprend d'importants aménagements : elle crée son propre jardin, modifie le parterre de Diane et fait édifier sur le pont deux galeries superposées qui donnent au monument son caractère unique. Surnommé « le château des Dames » en raison du rôle déterminant de ses propriétaires féminines, Chenonceau accueille aussi le recueillement de Louise de Lorraine, qui impose un décor funèbre. Au fil des siècles, la propriété passe entre différentes familles princières et financières ; Marie de Luxembourg, duchesse de Mercœur, puis des héritiers successifs effectuent réparations et aménagements tout en faisant vivre le domaine. En 1733 Claude Dupin, fermier général, devient propriétaire; sa femme Louise Dupin y tient un salon littéraire au siècle des Lumières et attire des intellectuels comme Jean‑Jacques Rousseau. Pendant la Révolution, Louise Dupin protège la demeure et ses archives, réussissant à faire reconnaître la qualité de bien privé du château et à éviter sa spoliation. Au XIXe siècle, Marguerite Pelouze entreprend une vaste restauration conduite par l'architecte Félix Roguet, qui modifie façades, intérieurs et décors et fait de Chenonceau un lieu de réception pour artistes et invités. Les difficultés financières entraînent ensuite plusieurs ventes : le domaine passe au Crédit foncier puis à la famille Terry avant d'être acquis en 1913 par Henri Menier; il appartient depuis cette date à la famille Menier et reste un domaine privé ouvert au public. Durant la Première Guerre mondiale, le château est transformé en hôpital militaire sous l'impulsion de la famille Menier; pendant la Seconde Guerre mondiale il se trouve sur la ligne de démarcation et sa galerie a servi à des passages vers la zone libre. Classé et restauré à plusieurs reprises au XIXe et XXe siècles, Chenonceau a fait l'objet d'un important programme de restauration de 2009 à 2012 portant sur façades, charpente, toiture et galerie. Les travaux ont aussi permis la découverte, en 2011, d'une vaste salle à décors religieux sous comble, ornée de peintures et de monogrammes, qui a enrichi la connaissance du site. Le domaine conserve des jardins historiques — parterres attribués à Diane de Poitiers et à Catherine de Médicis —, des espaces contemporains comme un jardin inspiré de Russell Page, ainsi que des dépendances aménagées pour des expositions et des collections, notamment l'apothicairerie de Catherine de Médicis et le Cabinet des Sciences. La galerie haute accueille depuis 1980 des expositions d'art contemporain et les espaces du château servent à la fois d'écrin historique, de lieu d'accueil culturel et de site de recherche et de conservation. Propriété privée parmi les plus visitées, Chenonceau conjugue accueil touristique, préservation patrimoniale et mise en valeur de son histoire marquée par des femmes qui l'ont bâti, aménagé et défendu.
