Période
XVe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
La totalité du domaine : le château, les communs, l'orangerie, le mur de clôture, les vestiges du jardin régulier, le parc agricole et paysager (cad. Curis-au-Mont-d'Or AI 21 à 31, 39 à 45, 47 à 49, 59 à 66, 70, 275, 277, 279, 282 à 284, lieudit La Forêt et 139, rue Tachon ; Poleymieux-au-Mont-d'Or AH 64, lieudit La Barre) : inscription par arrêté du 20 novembre 2007
Origine et histoire du Château de la Trolanderie
Le domaine de Curis‑au‑Mont‑d'Or, dit domaine de la Trolanderie, occupe le lieu‑dit la Forêt sur les communes de Curis‑au‑Mont‑d'Or et de Poleymieux‑au‑Mont‑d'Or, dans la métropole de Lyon. L'appellation « Trolanderie », dont plusieurs étymologies ont été proposées — notamment un lien avec le treuil d'un moulin à eau — est attestée depuis les années 1920 et figure sur des cartes postales du début du XXe siècle ; le Ministère de la Culture l'emploie dès 1987 lors des étapes de protection du site et elle est reprise dans la base Mérimée. La maison forte a été érigée au cœur d'une châtellenie à la fin du XIIe siècle et dépendait du comté de Saint‑Germain, qui y recevait les hommages de ses vassaux. En 1209 le chevalier G. de Marchamp reconnut y tenir en fief ses possessions dans la villa de Curis, puis celles‑ci furent cédées en 1213 à G. de Collonges, chanoine du chapitre Saint‑Jean. Au XIIIe siècle le château passa aux mains de la famille d'Albon, dont plusieurs membres occupèrent des fonctions ecclésiastiques et municipales ; André d'Albon, actif dans le commerce bancaire en 1265, acquit le petit fief de Curis. À partir du XVIIe siècle la propriété changea de mains à plusieurs reprises : elle passa notamment aux Neufville de Villeroy, puis à L. de la Veuhe, dont la famille exerça des charges de percepteur et de prévôt, et enfin à Louis Bay, qui laissa une importante collection de peintures inventoriée par Daniel Sarrabat, auteur également de œuvres pour la chapelle. En 1769 Rose Achallée de Francesqui fit dresser un état des lieux décrivant une dizaine de pièces par étage et un grand salon orné de statues ; elle fit appel à l'architecte urbaniste lyonnais Jean‑Antoine Morand pour moderniser la façade sud et aménager les jardins, offrant notamment un grand bassin figurant sur un tableau commandé en 1774. Le château fut acquis en 1781 par Jean‑Louis Bœuf de Curis ; déclaré bien national en 1793, il fut ensuite restitué à la famille Bœuf et passa, par héritages et ventes successives, à divers propriétaires dont les Ponchon de Saint‑André. Au XIXe siècle la propriété comprenait principalement des terres viticoles, qui furent fragilisées puis détruites par le phylloxéra à la fin du siècle, entraînant une succession de propriétaires incapables d'assurer l'entretien. Racheté en 1890 par l'industriel Germain Falcot, le domaine fut alors restauré et son parc remodelé par le paysagiste Gabriel Luizet ; vers 1930 l'école Ozanam de Lyon en fit un lieu de sortie puis un internat, utilisation suivie d'une période d'abandon après plusieurs changements de mains au XXe siècle. Dans les années 1980 le commissaire‑priseur Jayet acquit le domaine sans obtenir le classement souhaité, et des ventes judiciaires d'objets de valeur eurent lieu en 1988. En 2005, la société Sogimm racheta le château en ruine et mena des travaux de réhabilitation confiés notamment à la filiale C3B du groupe Vinci et à l'Atelier Royal ; certains éléments décoratifs et cheminées disparurent au cours de ces interventions et les logements furent ensuite vendus dans le cadre du dispositif des Monuments historiques. Le parc, propriété du Grand Lyon, fut mis à disposition en 2009 au Syndicat mixte des Monts d'Or par bail emphytéotique, qui assura l'entretien et réalisa des travaux d'aménagement et de restauration d'éléments tels que le four à pain, des chemins de randonnée et le dégagement du canal et d'une ancienne cascade ; en 2017 la Métropole de Lyon retrouva la gestion du parc et confia la gestion du petit patrimoine bâti et des prairies au Syndicat mixte Plaines et Monts d'Or, tandis que le peuplement arboré fut soumis au régime forestier et confié à l'Office national des forêts en 2020. Après une inscription partielle en 1988 (façade, toiture, caves voûtées, chapelle, deux tours isolées et décors intérieurs), la totalité du domaine a été inscrite au titre des monuments historiques en 2007. Sur le plan architectural, Jean‑Antoine Morand a notamment réalisé la façade sud de style XVIIIe siècle. Le parc, établi sur les pentes nord du Mont Thou et d'une superficie d'environ 33 hectares, conserve la trace d'un parc agricole comprenant vignes, terres céréalières, bois, pâturages, vergers, terrasses, un potager et un réseau hydraulique alimentant un grand bassin, plusieurs moulins et des fontaines. Les aménagements paysagers ont connu deux étapes majeures : un jardin régulier à la fin du XVIIIe siècle avec potager ornemental, bassins et fontaines, tel qu'on le retrouve sur le plan terrier de 1783 et dans le tableau de Lallemand de 1774, puis, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la transformation du parc dans un style paysager romantique confiée à Gabriel Luizet. Le site abrite un remarquable magnolia et plusieurs arbres centenaires classés, ainsi que une faune composée notamment de sangliers, de nombreux oiseaux (geais, mésanges charbonnières, chouettes, moineaux) et de salamandres.