Origine et histoire du domaine de Villarceaux
Le domaine de Villarceaux se situe à Chaussy, dans le Vexin français (Val-d'Oise), à environ 65 km au nord‑ouest de Paris, et s'étend sur un territoire de 800 hectares comprenant deux châteaux, un parc clos de murs, un golf, une bergerie aménagée pour l'accueil et l'hébergement, une ferme avec terres cultivables et une importante surface boisée. Le site des châteaux occupe un parc de 70 hectares et rassemble un jardin des simples, un jardin Renaissance et de nombreuses pièces d'eau alimentées par 32 sources recensées. Classé au titre des monuments historiques depuis le 10 septembre 1941, le domaine a reçu en 2012 le label EVE (Espace vert écologique). Administré en mode « éco‑géré » par le conseil régional d'Île‑de‑France dans le cadre d'un bail emphytéotique de 99 ans, il appartient à la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'Homme. L'ensemble se distingue par l'association d'un vaste parc, de jardins renaissants, de perspectives sur un site vallonné et de la présence de deux résidences seigneuriales. Les jardins ont été restaurés par le paysagiste Allain Provost et, depuis juin 2024, une application mobile permet de parcourir l'histoire du domaine et d'enrichir la visite.
L'origine du château dit « d'en bas » remonterait à un modeste châtelet en bois des XIe ou XIIe siècles, proche d'un prieuré bénédictin de femmes fait ériger par le roi Louis VII, et la seigneurie de Villarceaux apparaît le siècle suivant. Le châtelet primitif fut remplacé par un château fort au XVe siècle, intégré à la ligne de défense des frontières du royaume pendant la guerre de Cent Ans. À la Renaissance, le domaine s'agrandit, devient une vaste propriété agricole et une résidence de plaisir, et ses jardins sont redessinés sous l'influence des modèles italiens. Au XVIIe siècle, Françoise d'Aubigné séjourna au domaine à l'invitation de Louis de Mornay ; un tableau représentant une scène osée, peint par le marquis et montrant Françoise d'Aubigné aux côtés d'un amour armé d'une flèche, se trouve aujourd'hui dans la salle à manger du château du XVIIIe siècle.
Le château dit « du haut » a été édifié entre 1755 et 1759 par l'architecte Jean‑Baptiste Courtonne pour Charles‑Jean‑Baptiste du Tillet de La Bussière ; une inscription y indique la date de 1758 et le nom de l'architecte, et l'édifice est considéré comme l'un des derniers et des plus beaux exemples du style Louis XV. Le marquis fit démanteler le château féodal du vallon pour bâtir cette vaste demeure de plaisance en rebord de plateau, d'où rayonnent de larges perspectives sur des jardins à la française ; après la mort du marquis, le domaine fut vendu par son épouse et ses filles. Il passa ensuite à Antoine‑Michel Roussel en 1829, puis à son gendre Frédéric Cartier, et par héritage à la famille de Tulle de Villefranche.
Le parc, inséré dans le parc naturel régional du Vexin français, a reçu le label « Jardin remarquable ». À partir de 1989 une vaste campagne de restauration conduite par le conseil régional d'Île‑de‑France a permis l'ouverture au public : les bâtiments ont été restaurés sous la direction de Pierre‑André Lablaude, et les jardins reconstitués par l'Agence des espaces verts sous la conduite des paysagistes Alain Cousseran et Allain Provost, avec des travaux tels que le curage des étangs, la consolidation des berges et l'aménagement d'une voie d'accès et d'un parking paysager. En 2012, des travaux ont porté sur le remplacement de plusieurs fenêtres du château du haut pour un montant de 400 000 euros. Pour préserver les sources et la biodiversité, la gestion proscrit l'usage d'engrais chimiques, de désherbants et de pesticides ; le domaine utilise la géothermie pour le chauffage, ainsi que du compost et de la terre végétale issue de la lombriculture, et constitue un refuge pour de nombreuses espèces, avec une avifaune importante autour de l'étang de trois hectares et des mammifères tels que écureuils roux, renards, lapins et chevreuils dans les quarante hectares de bois.
Les intérieurs publics du rez‑de‑chaussée du château du haut ont été reconstitués dans leur état du XVIIIe siècle ; lambris, rocailles et meubles d'origine constituent le grand vestibule, le grand salon, la bibliothèque, la salle à manger et la chambre des marquises, où l'on voit notamment le portrait de Madame de Maintenon, un plateau en tôle d'argent peint par Boucher et une chaise à porteurs aux panneaux décorés. La façade nord présente un avant‑corps central en saillie, la cour d'honneur, longée à l'est par les communs et la chapelle, ouvre sur le plateau du Vexin grâce à des sauts‑de‑loup, et au sud le fronton triangulaire domine un vertugadin long de 530 mètres composé de plusieurs talus et orné de statues provenant du palais Altieri à Rome et de la villa d'Este à Côme.
Le parc associe un jardin à la française et un jardin à l'anglaise, un vertugadin bordé de quatorze statues d'origine italienne, un grand étang, un parterre d'eau du XVIe siècle, un jardin en broderie, une terrasse médiévale et un jardin de plantes médicinales, et comporte des alignements de charmes, de tilleuls et d'arbres fruitiers. Le domaine est ouvert au public chaque année du deuxième week‑end d'avril à l'avant‑dernier week‑end d'octobre ; depuis 2015 il est accessible tous les jours sauf le lundi, les groupes étant accueillis sur réservation. Jusqu'en 2014 la visite individuelle était guidée et la circulation dans le parc réglementée, tandis que depuis 2015 la visite libre est autorisée pendant les horaires d'ouverture et demeure gratuite, des visites guidées gratuites étant également proposées ; après 2017 l'éventualité d'un accès payant a été évoquée pour faire face aux frais de fonctionnement, mais en 2025 la visite reste gratuite. Une application mobile permet de découvrir le domaine à distance ou d'enrichir la visite sur place.
Le parcours de visite présente successivement le manoir de Ninon (plafond à grotesques du XVIe siècle, boiseries peintes du XVIIe siècle, salon des « portraits des dames »), la tour Saint‑Nicolas, la terrasse des simples, le jardin d'eau, le grand étang, le vertugadin, le rez‑de‑chaussée du château du haut et l'extérieur des communs du manoir du XVIe siècle ; la chapelle des Saints Michel et Antoine, restaurée en 2013 par l'Association des Amis de Villarceaux, est également ouverte à la visite. Outre les visites, le domaine accueille en saison spectacles, reconstitutions historiques, concerts, théâtre, expositions, manifestations comme « Patrimoine Gourmand » et la Féerie de Noël, et il reçoit en hiver des artistes en résidence dans l'aile nord des communs restaurée, ainsi que des ateliers pédagogiques destinés aux enfants du Vexin pendant les mercredis et les vacances scolaires.