Origine et histoire
Le château d'Entre-Deux-Monts est situé au hameau de Concœur, hors agglomération, au nord-ouest de Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or), sur la RD 109. Le domaine se déploie sur un plateau et comprend une basse-cour entourée de dépendances, une terrasse bordée de douves sur trois côtés et un parc anciennement potager et verger. Le château présente un plan en H : les deux ailes, prolongées côté cour par des communs, relient deux tours carrées qui abritent l'une un pigeonnier et l'autre une chapelle. Ces deux tours et les douves constituent les seuls vestiges probables du châtelet élevé au XIe siècle pour contrôler la forteresse de Vergy. La tour ouest, remaniée, conserve une meurtrière et une chapelle dédiée à sainte Gertrude dont l'autel-retable néoclassique date du début du XIXe siècle ; sa voûte d'arêtes a vraisemblablement été remplacée par un plafond à la même époque. La tour est accueille un colombier accessible depuis la cour et comportant près de 1 500 niches en poterie. Les ailes, attribuées à une campagne de la moitié du XVIe siècle, semblent contemporaines des écuries et forment des galeries reliant les tours au corps de logis principal. Le corps principal, élevé pour Bernard Barbier d'Entre-Deux-Monts, s'inscrit dans l'architecture du règne de Louis XIII et de la régence d'Anne d'Autriche ; la date de 1654 figure sur le colombier. L'ensemble comporte des toits à longs pans et des combles percés de lucarnes, certaines provenant d'édifices antérieurs et réemployées dans les façades. La basse-cour conserve deux corps de bâtiments parallèles reliés au nord par deux constructions avec portail et peu d'ouvertures vers l'extérieur, témoignant du caractère défensif de la ferme. À l'intérieur, desservies par un escalier rampe sur rampe et deux escaliers tournants à noyau évidé, les salles et appartements ont été réaménagés aux XVIIIe et XIXe siècles ; l'ameublement intérieur n'est pas d'un grand intérêt décoratif. De nombreux travaux de modernisation datent du XVIIIe siècle : agrandissement des fenêtres du rez-de-chaussée, plafonds à la française enduits, canalisation en poterie apportant l'eau de source à la cuisine, création d'une glacière et d'une petite orangerie en 1733. Au début du XIXe siècle, une campagne de travaux a notamment ajouté un pont enjambant les douves au sud et refermé des arcades sur la cour. Les douves, primitivement en eau et entourant l'ensemble du châtelet, ont été partiellement asséchées et comblées au fil du temps. Le jardin a été aménagé en jardin à la française en 1733 puis transformé à l'anglaise au XIXe siècle ; l'ancien potager et le jardin ont aujourd'hui disparu, mais un bassin décoratif du début du XVIIIe siècle subsiste. L'histoire du domaine remonte à l'occupation par une "grange" exploitée par les moines de Cîteaux et dépendant des ducs de Bourgogne, avant d'être cédée au début du XIVe siècle à Pierre d'Épernay. Parmi les descendants se succédèrent des seigneurs de Corboin, puis, en 1564, Louis de Menessaire dut vendre la seigneurie et le château à Étienne Barbier pour désintéresser ses créanciers. La famille Barbier, devenue Barbier d'Entre-Deux-Monts puis Barbier de Reulle par héritage, conserva la propriété près de trois siècles avant que Louis-Adolphe Barbier de Reulle ne la vende à Louis Rocaut le 4 avril 1856. Grâce à des alliances familiales, puis à l'acquisition par Henry Postansque en 1939 et au mariage de Georges Postansque, la propriété appartient depuis plus d'un siècle et demi à une même descendance. Le château fut encore traversé en novembre 1870 par le colonel Bourras et son corps d'armée. À partir de 1975, d'importants travaux de restauration ont été engagés pour sauver le domaine de la ruine : réfection des toitures et des fondations, réparation des clochetons, comblement partiel des douves, démolition de hangars modernes et raccordement à l'eau courante. Dans les années 2000, le château a accueilli le siège départemental des Vieilles Maisons Françaises en Côte-d'Or. Le château, ses ailes latérales, les fossés, la ferme, le bois, le potager et son bassin, le verger et la statue du jardinier ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 12 juin 2008. Le parc a reçu le prix régional du patrimoine en 2010.