Patrimoine classé
Les parties suivantes du château du Montois : château, façades et toitures, vestibule, grand escalier (cad. A 1204), caves sous le château (cad. A 1204), terrasse avec garde-corps et mur de soutènement, portail d’entrée (cad. A 1204), vestiges des dépendances fermant la cour au sud (cad. A 1204), aménagement hydraulique avec fontaine, degrés et bassin (cad. A 1204), parc et vestiges de murs (cad. A 776 à 779, 1177, 1178, 1181, 1182 et 1204), chapelle en totalité (cad. A 1204), figurant au cadastre section A, parcelles 776 à 779, 1177, 1178, 1181, 1182 et 1204, tels que délimités sur le plan annexé à l’arrêté : inscription par arrêté du 9 avril 2024
Origine et histoire
Le château de Montois se situe à Ressons-le-Long, dans le hameau de Montois, à la croisée des vallées de l'Aisne et de Retz, dans le Soissonnais et l'ancien duché de Valois, département de l'Aisne. L'édifice prend naissance en 1736 sous la forme d'un pavillon qui constitue encore le corps central actuel. Il est agrandi entre 1875 et 1890 par l'adjonction de deux pavillons latéraux aux pignons à redents et de deux tourelles octogonales, témoins de l'architecture locale et d'une filiation avec les manoirs du XVIe siècle. En avril 2024, le domaine est inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques.
L'histoire du domaine est exposée en détail par Émile Gaillard dans sa monographie de 1905, riche en illustrations et en documents sur le patrimoine local. À l'origine, le fief de Montois, dit aussi Montoy, était une petite ferme appartenant à Claude Molin et relevant de l'abbaye des Célestins de Villeneuve-lès-Soissons. Claude Molin agrandit et améliora la propriété jusqu'en 1596 puis la loua jusqu'en 1623 ; des bâtiments de la ferme du XVIe siècle subsistent encore, notamment une partie de la ferme et la cave ancienne.
En 1623, Jean Levesque de Roqueville, marchand bourgeois et conseiller du roi, acquiert le fief mais réside au château de Vic-sur-Aisne et ne séjourne pas au Montois. En 1627, sa fille aînée Jeanne épouse l'historien Adrien de Valois, alors secrétaire de l'abbé François Hotman ; Jean Levesque de Roqueville retourne à Compiègne où il meurt en 1645. Après plus de cinquante ans d'indivisions et diverses transmissions, le domaine revient à l'arrière-petit-fils Louis-Ignace Levesque de Roqueville. À cette époque, le fief relève de la seigneurie de Cuise, qui avait acquis les droits seigneuriaux auprès de l'abbaye des Célestins.
En 1719, Louis-Ignace obtient les droits lui permettant d'aliéner le fief et devient le premier seigneur de Montois à y établir sa résidence ; la seigneurie comprend alors quatre maisons avec cours, jardins, bois et vignes, dont une ferme correspondant à l'aile est du château actuel. La grande cave et la fouilloire où l'on foulait le vin, situées sous la ferme, sont encore visibles aujourd'hui. Après le décès de Louis-Ignace et de son épouse, leur fils Louis-François de Sales Levesque de Rocqueville vend le fief en 1735 à Antoine de Perticoz, écuyer et chevalier de l'ordre de Saint-Louis.
Le domaine vendu comprenait alors la ferme, la maison correspondant au bâtiment est du château actuel, des caves, une grange, une écurie, une bergerie, un colombier, ainsi qu'un verger, un clos de vigne, un bois et de nombreuses terres ; Antoine de Perticoz entreprend la construction du pavillon accolé à l'ancienne ferme pour en faire sa résidence d'été (cf. plan de Delettre du 17 mai 1736). Sans postérité, il lègue le château à son neveu Louis de Perticoz en 1741 ; peu de modifications sont apportées jusqu'à la mort de ce dernier en 1804. Louis de Perticoz laisse deux enfants : Louis Antoine, qui vit au château jusqu'à sa mort en 1837, et Marie Françoise, qui épouse Pierre-Philippe Le Cornier de Cideville ; leur fils Jean-Baptiste-Julien hérite du domaine en 1837 et entreprend d'importants travaux d'amélioration.
En 1865, une chapelle est érigée et bénie par l'abbé Delahaigue, chanoine de Soissons ; le blason de la famille est gravé dans la pierre au-dessus de la porte. Entre 1921 et 1923, René Louis Jules Rigaut, propriétaire et entrepreneur agricole, achète le château pour en faire sa résidence de chasse ; son épouse Maria Josephine Anne Francez décède peu après leur arrivée, en 1924. Après la Seconde Guerre mondiale, René Rigaut entreprend de nombreuses rénovations et modernisations, financées en partie par des dommages de guerre, et agrandit notamment la terrasse centrale et l'accès au vestibule d'honneur. René Rigaut meurt en 1948 ; ses fils lui succèdent, puis François René Marie Armaury Rigaut hérite des châteaux de Tencin et de Montois et revend ce dernier en novembre 2013, mettant fin à près d'un siècle de possession par la famille Rigaut.
Le jardin d'agrément est inscrit au pré-inventaire des jardins remarquables et le parc présente des aménagements remarquables recomposés dans les années 1920 par le paysagiste Édouard Redont, auteur notamment du parc de la Patte-d'Oie et du jardin d'horticulture de Reims. Le château, son portail d'entrée, les vestiges des dépendances fermant la cour au sud, l'aménagement hydraulique avec fontaine, degrés et bassin, le parc, les vestiges de murs et la chapelle font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 9 avril 2024.