Origine et histoire du Domaine national
Le domaine de Saint-Cloud trouve ses premières assises à la fin du XVIe siècle lorsque Catherine de Médicis acquiert l’hôtel d’Aulnay en 1577 et le donne à Jérôme de Gondi. C’est dans ce cadre que le roi Henri III est attaqué et meurt des suites de ses blessures en 1589. La propriété passe ensuite entre plusieurs mains, revenant aux Gondi au début du XVIIe siècle, avant d’être vendue à Barthélemy Hervart, intendant aux finances, qui modernise les installations hydrauliques. En 1658 le roi achète le domaine et l’offre à son frère Philippe d’Orléans, surnommé Monsieur, qui en fait sa résidence principale et lance l’ample transformation du lieu. Antoine Le Pautre élève le château, André Le Nôtre conçoit les jardins et la grande cascade, puis Jules Hardouin-Mansart et Pierre Mignard interviennent pour compléter les travaux et les décors. Sous Monsieur le parc s’étend progressivement à près de 460 hectares et de nombreux bâtiments annexes sont édifiés ou remaniés. Les travaux d’agrandissement du château et d’aménagement des jardins se poursuivent jusqu’au début du XVIIIe siècle puis ralentissent à la mort de Monsieur. Au XVIIIe siècle, les ducs d’Orléans font successivement construire une salle de spectacle, transformer le Trianon en pavillon de Breteuil et réaménager parterres et bosquets, et Marie‑Antoinette acquiert le domaine en 1785 en procédant à d’importantes modifications intérieures et à l’agrandissement de la façade ouest. Sous la Révolution le domaine est conservé pour l’usage public et, sous le Directoire, les assemblées se réunissent dans ses bâtiments, ce qui conduit aux événements du coup d’État du 18 brumaire. Napoléon Ier fait de Saint‑Cloud une résidence impériale : il y célèbre son mariage civil avec Marie‑Louise et y voit naître le roi de Rome, et il aménage des équipements militaires et équestres ainsi que la lanterne dite de Démosthène. Les règnes successifs de Louis XVIII, Charles X et Louis‑Philippe entraînent de nouveaux aménagements, la construction d’ouvrages d’accès et la création de pavillons et de dépendances. La manufacture de porcelaine, fondée à Vincennes en 1738 et transférée à Sèvres en 1756, s’installe sur un coin du parc au Second Empire ; un bâtiment édifié sous Laudin est inauguré en 1876 et fonctionne pleinement dans les années 1880, la manufacture conservant des fours spécifiques tels que des alandiers. L’école nationale de céramique, conçue par Roux‑Spitz, est construite en 1931. Le 13 octobre 1870 un incendie provoqué par un obus détruit le château, dont les ruines sont finalement démolies en 1892 ; les vestiges seront dispersés et plusieurs projets de reconstruction resteront sans suite. Certains pavillons subsistent : le pavillon de Valois accueille l’École normale supérieure et le pavillon de Breteuil abrite le Bureau international des poids et mesures, conservateur du mètre‑étalon. Classé à l’inventaire des monuments historiques dès 1900, le domaine devient site naturel protégé en 1923 et reçoit le label Jardin remarquable en 2005 ; il est inscrit parmi les domaines nationaux par décret en 2022. Le parc, situé principalement sur la commune de Saint‑Cloud et aussi sur les communes de Marnes‑la‑Coquette, Sèvres et Ville‑d’Avray, appartient à l’État et comprend des espaces publics et sportifs tels que le Pré Saint‑Jean. La tempête de 1999 a gravement endommagé la forêt et des travaux de restauration se poursuivent. Aujourd’hui le domaine conserve la trace de ses grands aménagements historiques — terrasses, cascades, parterres et perspectives — et accueille des institutions, des manifestations et des équipements culturels qui prolongent son rôle patrimonial.