Origine et histoire de l'Église protestante
L’église protestante de Baldenheim, ancienne église catholique, est un monument historique situé à Baldenheim (Bas‑Rhin). Un lieu de culte pourrait exister dès le XIe siècle, mais la première attestation certaine remonte à 1371, lorsque paraît le nom d’un recteur. Depuis le Moyen Âge, la famille Rathsamhausen et ses successeurs du fief de Baldenheim y furent inhumés ; un document de 1418 indique que l’église était alors placée sous le vocable de saint Oswald. En 1576 la Réforme est introduite à Baldenheim et l’édifice est affecté au culte protestant. Le simultaneum instauré en 1758 attribue la nef aux protestants et le chœur aux catholiques, ce dernier relevant du patronage de saint Blaise ; cette cohabitation conflictuelle dure jusqu’à la construction de la nouvelle église catholique en 1937. Les campagnes de construction s’échelonnent du XIIe ou XIIIe siècle au début du XIXe siècle. Des observations archéologiques menées en 1992‑1993 ont montré que l’édifice le plus ancien comportait une nef aussi large que l’actuelle mais plus courte, dotée d’un chœur à chevet plat. Au XIVe siècle la nef est allongée vers l’ouest et pourvue de peintures intérieures découvertes en 1904. Au XVe siècle sont accolés une tour‑clocher et un chœur polygonal contre les faces sud et est du chœur primitif ; les clés de voûte portent les armoiries des Rathsamhausen‑Ehnwihr et d’alliés, signe probable de leur participation aux travaux. Ces chantiers entraînent le renouvellement du décor peint et, probablement, de la charpente du vaisseau. Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, une tribune desservie par un escalier extérieur est installée, des oculi sont percés et des textes de l’Ancien Testament sont peints ; au début du XIXe siècle le clocher est surélevé. Après le départ des catholiques, la remise en état conduit à la mise au jour des peintures de la nef en 1938, puis à leur badigeonnage au début des années 1950. L’édifice fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1970.
Située au 1, rue de l’Église, la construction comprend un vaisseau unique de quatre travées précédant un chœur orienté d’une travée et coiffé d’un chevet polygonal à trois pans. Une tour‑clocher, dont le rez‑de‑chaussée sert de sacristie, est accolée au sud du chœur. La tour, en grande partie romane, présente un rez‑de‑chaussée carré, trois étages et une flèche de charpente octogonale ; le rez‑de‑chaussée ouvre au nord sur le chœur, et le premier étage, pourvu d’un autel et de banquettes en pierre, a fonctionné comme chapelle autrefois accessible depuis le chœur, l’accès direct étant aujourd’hui condamné et remplacé par un escalier extérieur menant à une porte percée dans le mur occidental. Le chœur se compose d’un avant‑chœur correspondant à l’ancien chœur roman, d’une travée droite et du chevet polygonal de la fin du XVe siècle ; l’ensemble est couvert de voûtes d’ogives dont les clés portent les armoiries des Rathsamhausen‑Ehnwihr. L’extension tardive bénéficie d’un éclairage apporté par cinq fenêtres ; l’avant‑chœur n’a qu’une petite baie au nord et le côté sud est aveugle en raison de la présence de la tour ; une porte donne accès à la sacristie et une autre, aujourd’hui inopérante, ouvrait vers le premier étage de la tour.
Les peintures murales de la nef comportent trois états successifs datés du XIVe au XVIe siècle. La couche la plus ancienne, du XIVe siècle et principalement conservée dans la partie occidentale de la nef, présente des scènes de la vie du Christ et de la Vierge traitées en rouges, jaunes et ocres, avec de nombreuses lacunes et sans traces dans la partie orientale. La surélévation et l’agrandissement des baies au XVe siècle imposent un nouveau décor plus sobre, fondé sur un faux appareil de pierre, tandis qu’une grande composition du Jugement dernier occupe l’espace au‑dessus et autour de l’arc triomphal. Le chœur est orné d’un décor peint de qualité, daté vers 1490 et inspiré des gravures de Martin Schongauer : chaque quartier de la voûte porte l’emblème d’un évangéliste issu d’une série de gravures des années 1470. Le mur nord montre une représentation du collège apostolique mutilée par la construction du tombeau des Rathsamhausen, ne laissant visibles que huit apôtres et le Christ bénissant ; les piliers de l’abside portent les figures de saint Paul et d’un martyr non identifié, motifs également inspirés de Schongauer, le peintre associant toutefois ici saint Paul et saint Mathias simultanément, les attributs de ce dernier étant incorrects. Plusieurs monuments funéraires et éléments de mobilier ancien témoignent de l’usage funéraire de l’église par des familles locales.
