Origine et histoire de l'Église Sainte-Marie-Madeleine
Le prieuré Sainte‑Marie‑Madeleine de Marast, fondé au début du XIIe siècle et attesté dès 1123, dépendait de l'abbaye augustinienne de Chaumousey. Il comprenait alors l'église et au moins un autre bâtiment au sud‑est dont subsistent quelques vestiges. La règle de saint Augustin y fut suivie de manière lâche : la vie commune disparaît dès le XIVe siècle et le nombre de religieux, qui n'a jamais dépassé huit, se stabilise à quatre. Placée initialement sous le vocable de la Vierge, l'église prit dès le XIIIe siècle le nom de Sainte‑Marie‑Madeleine en raison d'une dévotion locale. La commende est introduite au XVe siècle et, après 1520, d'importants travaux modifient l'ensemble ; au moins trois corps de bâtiments sont édifiés, avec un porche et un logis prioral en retour d'équerre. De 1611 à la Révolution, le prieuré est rattaché au chapitre de la collégiale Notre‑Dame de Dole. Le dernier chanoine résident meurt en 1747, marquant la fin de la vie religieuse à Marast. Vendu comme bien national à la Révolution, le site accueille un petit séminaire de 1809 à 1812, puis, à partir de 1835, un collège tenu par la Congrégation des Frères de Marie jusqu'à sa fermeture en 1905 à la suite de la loi de séparation des Églises et de l'État ; le prieuré est alors vendu et intégré à une exploitation agricole. Ces usages entraînent des transformations notables, notamment la suppression des bas‑côtés et des chapelles orientales de l'église. Le domaine se compose d'une avant‑cour précédant un bâtiment percé d'un porche central, suivi à l'est d'un autre corps qui délimite une cour fermée au sud par un mur et un bâtiment agricole ; l'ancien jardin en terrasse se situe au sud‑est. La cour du cloître, aujourd'hui disparue, se trouvait au nord‑est ; elle était bordée au nord par l'église et à l'est par les vestiges d'un hangar du XIXe siècle, le quartier des religieux prolongeant l'ensemble vers le sud et se trouvant en ruine. La façade ouest de l'église est d'une grande simplicité, avec trois fenêtres disposées en triangle au‑dessus d'un portail non sculpté. La nef, pourvue de deux collatéraux, comporte huit travées reliées par des arcs en plein cintre appuyés sur des piliers alternant formes carrées et rondes ; les chapiteaux et l'emploi partiel du grès témoignent d'influences rhénanes. Le chœur, voûté en berceau et pavé de pierres tombales, s'insère dans une abside polygonale à cinq pans. L'ensemble date du XIIe siècle et est surmonté d'une charpente du XVIe siècle en forme de carène renversée ; le clocher, remanié au XVIIIe siècle et coiffé d'un dôme à l'impériale, repose sur le bras ouest du transept. Le cloître et les appartements des religieux furent détruits au XVIIIe siècle ; subsistent en mauvais état des bâtiments conventuels ouvrant sur la grande cour. Plusieurs pierres tombales de la chapelle des seigneurs de Villersexel ont été transférées dans le chœur, parmi lesquelles figurent notamment Isabeau de Mailly (décédée le 28 mai 1253) et Aymon de Villersexel (décédé le 18 décembre 1309), ainsi que d'autres sépultures datées du XIIIe au XVe siècle. Le domaine a subi des incendies au XIXe siècle, notamment la destruction de grangeages et d'écuries en novembre 1838 et un autre sinistre en 1891. L'église appartient au Conseil général de la Haute‑Saône et l'association des Amis du Prieuré de Marast anime le site par des concerts ; une messe en l'honneur de sainte Marie‑Madeleine se tient chaque année, le prieuré n'ouvrant ses portes aux offices qu'une fois par an. L'église est classée au titre des monuments historiques depuis le 17 octobre 1977 ; après une inscription des bâtiments conventuels en 2008, la totalité du prieuré est classée depuis le 29 décembre 2010. Parmi les prieurs connus figure Mathieu de Musigny, institué en 1402, et la charge donna lieu à diverses prérogatives médiévales, comme le droit de gîte qui obligeait certains habitants à loger et nourrir le prieur et sa suite lors de ses déplacements.