Origine et histoire de l'enceinte
L'enceinte de la Haute-Ville entoure la Haute Ville de Granville, établie sur le cap Lihou, une presqu'île rocheuse d'environ 500 mètres qui s'avance dans la mer à l'ouest de la commune. Les premiers remparts furent édifiés à partir de 1439 par les Anglais; Thomas de Scales, ayant pris la position de Jean d’Argouges, creusa un fossé profond dans le roc pour couper l'isthme et fit élever une citadelle ainsi que l'église Notre-Dame. En 1442, Louis d'Estouteville chassa les Anglais avant l'achèvement des travaux, puis Charles VII augmenta et acheva les fortifications. Sur l'ordre de Louvois, les fortifications furent démolies en 1689. Craignant une attaque anglaise, on édifia toutefois vers 1695 une redoute sur le Roc, conformément au projet de Vauban. L'enceinte fut relevée entre 1727 et 1749, puis remaniée entre 1815 et 1840. Parmi les vestiges de ces phases de reconstruction subsistent la Grand-Porte avec son pont-levis, le Logis du Roi — qui servit de logement au gouverneur de Granville — et la porte Saint-Jean; rien ne subsiste des remparts du XVe siècle. La pointe ouest du roc resta non fortifiée, tandis qu'à l'est le roc fut isolé du plateau par une profonde tranchée creusée par les Anglais. La citadelle centrale et l'église Notre-Dame ont disparu; leurs fondations furent mises au jour en 1835 rue Saint-Michel, à une vingtaine de mètres à l'ouest de l'ancienne mairie. Le plan de Gomboust (1650) montre l'enceinte englobant Notre-Dame et s'étendant jusqu'à l'isthme. Vauban, en 1686, décrit une place où le rempart principal était doublé à l'ouest par un second, moins élevé et séparé par un fossé de deux à trois mètres, la double enceinte étant en outre renforcée à l'ouest et au sud par un chemin couvert; il signale aussi une fortification moderne greffée sur l'enceinte au niveau de la montée du Moulin-à-Vent. La partie principale de l'enceinte fut rasée en 1911 pour faciliter l'accès à la plage du Casino; le réduit, la fortification signalée par Vauban et la braie avaient été détruits au XVIIe siècle et leurs matériaux employés pour combler le grand fossé. La porte de ville, avec les toitures et les façades de la maison qui l'encadre, est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 24 janvier 1931, et l'ensemble de l'enceinte est inscrit par arrêté du 26 octobre 2004.