Origine et histoire de l'enceinte
Les enceintes de Poitiers sont les fortifications qui entourèrent la ville et dont subsistent aujourd’hui des vestiges ainsi que des répliques intégrées aux aménagements urbains. Située sur un promontoire presque entièrement ceint par le Clain et la Boivre, Limonum (Poitiers) bénéficiait d’une défense naturelle, ce qui retardait la construction de murailles importantes. Lors de la crise du IIIe siècle, face aux troubles et aux invasions, la ville éleva d’épaisses murailles protégeant cependant seulement une portion du centre, entre le Palais des comtes et la cathédrale Saint-Pierre, tandis que de larges secteurs, dont les arènes, restèrent à l’extérieur. Cette enceinte gallo-romaine demeura en grande partie en place jusqu’à la Renaissance. Les derniers comtes ramnulfides et la reine Aliénor d’Aquitaine renforcèrent les fortifications du promontoire, puis le duc Jean de Berry transforma une tour en un château triangulaire richement décoré, au confluent de la Boivre et du Clain. Ces enceintes sont représentées dans diverses gravures et peintures, notamment celles illustrant le siège de Poitiers par les troupes de Coligny en 1569, ainsi que dans des vues de la rue des Remparts, de la porte du Pont Joubert (gravure d’après Charles Rauch) et de la tour du Cordier de la porte de Paris. L’intendant comte de Blossac aménagea un grand jardin à la française, le parc de Blossac, en y intégrant des faux remparts à titre décoratif. Au XIXe siècle, les remparts furent largement arasés pour permettre la construction du chemin de fer, de la gare et l’élargissement des voies : le côté ouest, incluant la Boivre, fut remodelé et seule subsiste aujourd’hui la tour du Cordier, au centre de la place Jean de Berry, dite « Porte de Paris ». La falaise et les terrasses furent aménagées pour évoquer des murs d’enceinte, comme dans le parc de Blossac. À l’est, les fortifications en rive du Clain furent rasées et remplacées par un boulevard périphérique; la porte du Pont Joubert fut démolie pour élargir la voie et la porte Saint-Lazare au nord fut rasée après la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs éléments des enceintes font l’objet de protections au titre des monuments historiques : par arrêté du 11 janvier 1921 ont été classés la porte de la Tranchée avec ses deux pavillons, les anciens murs de clôture de la Promenade de Blossac (de la porte de la Tranchée à la tour dite « à l’oiseau »), le front de la Tranchée depuis les ateliers Proux jusqu’à la tour à Prieur ou tour Achard orientée vers la Boivre, les trois tours de l’ancien château au confluent de la Boivre et du Clain, ainsi que les douves entre l’usine Savale et la porte Achard. La tour Aymard de Beaupuy, située près de l’ancien moulin du Pont-Achard sur la Boivre, est inscrite par arrêté du 18 mai 1926. Aujourd’hui, ces vestiges et aménagements témoignent des différentes phases de fortification de Poitiers et de leur intégration au paysage urbain.