Enceinte à Thionville en Moselle

Enceinte

  • 57100 Thionville
Enceinte
Enceinte
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Propriété de la commune

Période

2e quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Porte du Couronné d'Yutz, dite porte de Sarrelouis (cad. 16 3) : classement par arrêté du 21 décembre 1984

Origine et histoire

L'enceinte de Thionville est un ancien ensemble de fortifications qui protégeait la ville de Thionville (Moselle). Déclassée en 1902 sous l'administration de l'Alsace-Lorraine, elle a été en grande partie démantelée pour permettre l'extension urbaine, mais plusieurs vestiges subsistent au XXIe siècle. Une porte monumentale, construite en 1746 par Louis de Cormontaigne selon les sources, se situe à l'extrémité du Couronné d'Yutz ; elle fut transformée en blockhaus dans le dernier quart du XIXe siècle lors de l'occupation allemande.

Selon M. Teissier, il est peu probable que Thionville ait été entourée de murailles avant le Xe siècle ; la Villa regia du VIIIe siècle englobait de vastes terrains sans hautes murailles. Les incursions normandes et hongroises rendirent cependant nécessaire la construction d'une enceinte de murs et de fossés pour prévenir les coups de main. La Moselle servait de défense naturelle au sud-est, ce qui conduisit à réduire l'enceinte et à sacrifier les jardins du palais. Dès le XIe siècle, il ne restait probablement que des ruines du palais et de ses dépendances.

L'emplacement appelé « le Château » correspond au château féodal des comtes de Luxembourg, dont le principal vestige est la Tour-aux-Puces ou Tour de Thion. Des maisons de la rue de Luxembourg présentaient encore, au début du XIXe siècle, des traces de l'ancienne enceinte, et l'on notait l'existence d'une communication voûtée assez large pour les voitures reliant le château à cette rue. Aux XIIIe, XIVe et XVe siècles, Thionville était considérée comme la place la mieux fortifiée du Luxembourg et servait de refuge à la région.

Les fortifications médiévales consistaient en une muraille épaisse, derrière laquelle se trouvait un étroit terre-plein défendu par des créneaux et des tours d'angle, et en avant un fossé souvent rempli d'eau avec une contre-escarpe maçonnée ; ce système ancien demeura en place jusqu'au début du XVIe siècle. Face à l'usage accru de l'artillerie, l'enceinte fut modernisée au XVIe siècle : les courtines furent remparées et, en 1531, un premier bastion dit de l'Eau fut établi au saillant nord-est au bord de la Moselle. En 1553, Giovanni Maria Olgiati et Sébastien van Noyen inspectèrent les fortifications à la demande de Marie de Hongrie.

Après le siège de 1558 et la restitution au pouvoir espagnol, la place fut entièrement remaniée selon un projet attribué à Sébastien van Noyen, qui élargit l'enceinte et lui donna sept bastions, plusieurs dotés d'orillons et de places basses. La datation précise des travaux reste inconnue, Guillaume-Ferdinand Teissier attribuant toutefois des améliorations vers 1570 au baron Jean de Wiltz. Des ouvrages extérieurs, notamment des demi-lunes et un ouvrage à cornes accompagnés d'un glacis, furent ajoutés avant le siège de 1643.

Occupée par la France en 1643 et rattachée au royaume en 1659, l'enceinte subit des remaniements : des retranchements séparant la gorge des bastions de leur tête furent créés, accompagnés de parapets, et certaines courtines furent modifiées. Vauban conserva la disposition principale du système de défense, formant un heptagone irrégulier et intégrant des ouvrages antérieurs, notamment des bastions arrondis revêtus de briques, ce qui donna à la place une apparence hétérogène sans nuire à sa valeur défensive. Les travaux se poursuivirent au XVIIIe siècle : Louis de Cormontaigne est notamment l'auteur du vaste ouvrage appelé Couronné d'Yutz et la construction du fort de la Double-Couronne fut engagée sous le gouvernement du marquis de Creil. Plusieurs ingénieurs et directeurs de fortifications se succédèrent à Thionville au XVIIIe siècle, parmi lesquels Quesnau de Clermont, M. de Gourdon, Lebeuf, Jean-Baptiste de La Chèze, Pierre de Filley, Vitry de La Salle et Claude d'Aumont.

Après quelques restaurations à la fin du XIXe siècle, l'Empire allemand décida en 1902 de détruire les fortifications pour faciliter l'expansion urbaine ; la Moselstellung était alors en cours de construction. Subsistent des vestiges de l'ancien château, dont une porte et la Tour aux Puces, ainsi que des éléments de l'enceinte principale : le bastion de Metz (n°1 ou de la République), le batardeau et sa dame reliant ce bastion à la contre-garde n°8, le bastion de Saint-François (n°3 ou de l'Eau ou du Luxembourg) et une partie du Couronné d'Yutz avec sa porte et ses deux ponts-écluses, nord et sud. L'enceinte de Thionville est partiellement classée au titre des monuments historiques depuis le 21 décembre 1984.

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