Origine et histoire du Château de Montfort
L'ensemble des ruines du château de Montfort se dresse dans le Centre-Manche, sur l'ancienne commune de Remilly-sur-Lozon, aujourd'hui intégrée à la commune nouvelle de Remilly Les Marais ; il est situé près des marais, à 1,6 kilomètre au nord-ouest de l'église Saint‑Martin. Le site est inscrit au titre des monuments historiques. Le fief de Montfort relevait de l'honneur du Hommet dès la première moitié du XIIe siècle, et la seigneurie, mouvante de la baronnie du Hommet, est attestée depuis le début du XIIIe siècle. Le château est présenté comme un ancien château fort bâti à la fin du XVe siècle ; la construction de l'édifice actuel a été entreprise à partir de 1522 par la famille Marquetel de Montfort, qui le conserva jusqu'en 1755. Les Marquetel, famille de magistrats bas‑normands anoblie en 1478, avaient pris le nom de leur petit fief d'Heugueville‑sur‑Sienne. En 1522, le seigneur Marquetel de Montfort acquiert le fief de Mons à Remilly‑sur‑Lozon et remplace un ancien manoir par une demeure plus conforme à son rang, dotée d'un pigeonnier de 900 boulins. Le château, considéré comme l'un des derniers édifices défensifs construits dans la Manche à la fin de la guerre de Cent Ans, emprunte au Moyen Âge son allure générale tout en intégrant de grandes fenêtres à meneaux annonciatrices des styles Renaissance et Louis XIII. Le dernier représentant de la famille, Laurent‑Félix de Marquetel, meurt au château en 1755 ; l'inventaire après décès signale notamment 32 paires de chaussons et aucune paire de chaussures, laissant supposer qu'il souffrait de la goutte et se déplaçait en litière d'osier. Dès cette époque, une partie du château est très dégradée, notamment le manoir ayant servi de base au nouveau logis. Vers le milieu du XVIIIe siècle, un certain Lempereur envisagea des travaux de restauration sans les mener à terme, et, aux alentours de 1840, un descendant fit abattre les murs les plus détériorés ; le site fut alors utilisé comme carrière de pierres et une maison fut accolée à la porterie. Au début du XXe siècle, seules les terres étaient exploitées et la maison du gardien restait habitable. Épargné lors de la Seconde Guerre mondiale, l'édifice tombe néanmoins en ruine faute d'entretien ; en 1980, l'association Les Amis du Château de Montfort l'achète alors qu'il n'a plus ni planchers ni toitures et que des arbres poussent à l'intérieur. L'association mène d'importants travaux de restauration (charpentes, maçonnerie, couverture, planchers, carrelage) et met en place des chantiers d'insertion avec l'association Rempart. En 2020, la maison de garde, la porterie et les communs ont été restaurés et accueillent des expositions, tandis que la partie seigneuriale n'offre plus qu'un tiers des bâtiments d'origine et reste dans l'état de ruine. Une légende locale évoque un souterrain d'environ trois kilomètres reliant la Butte Saint‑Clair, ancien site à motte en limite de l'ancienne commune du Mesnil‑Vigot, au château de Montfort, et renfermant trois mules chargées d'or ; compte tenu de la situation marécageuse du site, entouré sur trois côtés par les marais alimentés par la Venloue et le Lozon, cette hypothèse paraît peu vraisemblable. Il est également fait mention d'oubliettes qui correspondent en réalité aux fosses des latrines. La plupart des courtines ont disparu, mais le logis conserve encore des poivrières d'angle et une échauguette ; l'ensemble comprend aujourd'hui une porterie, une maison de garde et des communs restaurés, tandis que le pigeonnier, la boulangerie et le logis demeurent en ruine. L'accès se fait par une porte charretière voûtée et une porte piétonnière adossées à une poterne, près d'un bâtiment ayant servi de corps de garde ; dans la cour subsiste l'imposante masse du manoir, composé d'un logis Renaissance en ruine encadré par deux tours médiévales. Au sud de la maison seigneuriale subsiste une échauguette d'angle au culot sculpté et, près de la façade nord, un pigeonnier du XVe siècle aujourd'hui découronné. Les extérieurs du château sont ouverts à la visite toute l'année et des animations y sont organisées l'été par Saint‑Lô Agglo.
