Origine et histoire de la Folie Saint-James
La Folie Saint-James est une demeure située à Neuilly-sur-Seine, classée au titre des monuments historiques depuis 1922. Elle a été construite en 1777 par François-Joseph Bélanger pour Claude Baudard de Vaudésir, baron de Saint-James, contrôleur général de la Marine. Le commanditaire laissa à l'architecte une grande liberté pour édifier une « folie » entourée d'un parc paysager abondamment meublé de fabriques. Sous la direction probable de Jean-Baptiste Chaussard furent réalisés de nombreux bâtiments annexes — remises, volière, écuries, manège, salle de spectacle — ainsi que des serres, détruits en 1895. Une cour d'honneur pavée conserve son dallage d'origine et sépare l'entrée, protégée par une grille, de la façade principale. La maison, en brique et pierre, présente des façades néoclassiques ornées d'un péristyle central à quatre colonnes élevé sur trois marches, qui ouvre sur un vestibule décoré de trompe-l'œil. L'escalier a conservé sa rampe en fer forgé du XVIIIe siècle et la plupart des pièces du rez-de-chaussée conservent boiseries, cheminées de marbre, parquets et décors en stuc. Le parc, contemporain de la demeure, s'étendait à l'origine sur douze hectares mais a été progressivement loti à partir de 1825; il ne mesure aujourd'hui environ 1,8 hectare. De nombreuses pièces d'eau, la rivière artificielle et la majorité des fabriques ont disparu ou ont été comblées, mais subsistent plusieurs éléments remarquables. La pièce maîtresse restante est le Grand Rocher, un massif de blocs de grès abritant des bains, doté d'un portique à six colonnes doriques et d'une salle de bains intérieure inspirée des thermes romains, richement décorée de stucs. On conserve également un pont en pierres de taille, une colonne antique déplacée, un petit temple rond et le cabinet d'histoire naturelle, qui marquait l'intersection des anciennes serres. Le cabinet d'histoire naturelle, petit bâtiment carré en brique et pierre réalisé par Chaussard pour exposer la collection de minéraux et coquillages du baron, conserve une coupole ornée de stucs et une verrière zénithale; il est aujourd'hui encadré par des constructions et rarement accessible au public. Au XIXe siècle le domaine connut des morcellements et des changements d'usage : après la faillite de son propriétaire la propriété fut saisie puis vendue, fragmentée et en partie louée, et abrita plus tard une maison de santé. Dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, des propriétaires successifs modifièrent le parc; certains éléments d'origine furent démolis tandis que d'autres aménagements, notamment un jardin clos de style Art déco et un temple de l'Amour, furent créés. La Folie fut classée monument historique en 1922; pendant la Seconde Guerre mondiale elle fut occupée et les communs fortement endommagés. La propriété fut vendue à l'État en 1952 et, dans les années 1950, un lycée fut construit sur une partie du parc ; la Folie servit alors de locaux administratifs et les communs de cantine. Depuis le début du XXIe siècle le parc a été ouvert au public de façon plus régulière et des études de restauration ont été engagées pour reconstituer les fontaines, cascades et restaurer les fabriques subsistantes. Aujourd'hui la demeure, les bâtiments contigus aménagés en communs par Bélanger et plusieurs fabriques subsistantes constituent les éléments les plus visibles de cet ensemble historique, dont la destination future fait l'objet de projets de restauration.