Origine et histoire de la Forteresse royale
Le site domine la basse vallée de l'Aveyron, à la limite occidentale du Rouergue, et occupe une position stratégique sur la voie entre Rodez et Saint-Antonin. Les vestiges du château et de sa deuxième enceinte sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 3 juillet 1925. Les origines du castrum remontent au début du second millénaire, un château primitif ayant été élevé vers 1100 sur un escarpement ; de cette phase du XIIe siècle subsiste notamment la base de la tour carrée. Au XIIIe siècle, Alphonse de Poitiers fit édifier l'essentiel du château neuf en s'appuyant sur l'ancien donjon roman ; la construction du nouveau logis castral fut conduite à partir de 1253 et a transformé l'ensemble en une forteresse de type philippien. Cette place fortifiée contrôlait les défilés de l'Aveyron et sécurisait les communications avec les provinces rattachées à Toulouse ; elle passa dans le domaine royal après le mariage de Jeanne de Toulouse avec Alphonse de Poitiers. Face à une révolte locale, Alphonse fit renforcer les défenses selon les méthodes militaires ducales, multipliant les lignes d'enceinte et remaniant la tour romane. Les courtines élevées à grande hauteur et les nouvelles tours rondes, posées directement sur le roc, limitaient la menace des engins de siège et de la sape ; leurs archères, hautes de 6,80 mètres, permettaient la défense dans plusieurs directions et la terrasse du donjon communiquait visuellement avec les autres points forts de la région. Au cours du Moyen Âge la place connut plusieurs épisodes conflictuels : elle fut successivement enjeu de luttes régionales, occupée un temps par les Anglais à la fin du XIVe siècle avant d'être reprise par les habitants, et resta jusqu'en 1370 un centre administratif important avant que le siège de la sénéchaussée ne soit transféré à Villefranche-de-Rouergue. Pendant les guerres de Religion le château fut tenu par un seigneur protestant puis assiégé et rendu aux forces catholiques. En 1643, la forteresse fut brièvement prise par les paysans révoltés lors de la jacquerie dirigée par Bernard Calmels, avant d'être reprise par les troupes royales ; les meneurs furent arrêtés et sévèrement réprimés. Après ces événements le château perdit progressivement toute utilité militaire et tomba en délabrement ; la ruine de l'édifice est signalée dès 1614 et l'abandon s'accentua après la vente comme bien national à la Révolution, moment où des démolitions furent pratiquées pour récupérer des pierres. Un achat par un aubergiste puis l'arrêt des démolitions au XIXe siècle, après un accident de chantier selon des témoignages, marquèrent la fin de la carrière. Le monument a ensuite fait l'objet de travaux de restauration entrepris à la fin du XIXe siècle par l'abbé Brunis puis poursuivis et amplifiés par la famille Cibiel, qui a contribué à sa sauvegarde et à sa mise en valeur touristique. Les vestiges présentent des aménagements intérieurs remarquables : un couloir dérobé relie la tour romane à la chapelle du donjon, des culots sculptés ornent la salle d'armes et la chapelle conserve des traces de décors peints, tandis qu'un système de conduites en pierre acheminait les eaux pluviales vers une citerne. Une succession de seigneurs, châtelains et viguiers se sont succédé jusqu'à la Révolution, témoignant de l'importance administrative et judiciaire du lieu. Le site, ouvert à la visite, offre un témoignage notable de l'architecture militaire du XIIIe siècle et de son évolution sur un éperon étroit et escarpé.