Origine et histoire du Grand Château
Le Grand Château, situé sur la commune de Serquigny dans l'Eure, est une demeure du XVIIe siècle partiellement inscrite au titre des monuments historiques. Établi en fond de vallée à 400 mètres au sud‑ouest de l'église Notre‑Dame, il se dresse à proximité de la RD 133 ; une grille monumentale en bordure de route ouvre sur un chemin qui traverse la Charentonne pour accéder au domaine. Le château aurait été construit pour Pierre Pecqueult, seigneur du fief de Serquigny et doyen des trésoriers de France de la généralité d'Alençon, vers 1681‑1683, et était habité en 1770 par Pierre‑René de la Roque, seigneur de Serquigny. Au XIXe siècle, le marquis Ernest de Croix d'Heuchin s'y installe vers 1834 pour y fonder un haras ; pendant la guerre de 1870, le château sert d'hôpital militaire, puis une importante vente de trotteurs s'y tient les 9 et 10 juin 1874. Après le décès du marquis, le domaine devient la propriété de ses filles, la marquise de Caulaincourt et la comtesse Blanche d'Andigné, puis passe par alliance aux familles Vogüé et Keroüartz. De 1948 à 2003, l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (LADAPT) occupe le château ; il tombe ensuite dans l'abandon et est squatté à la fin des années 2010. La propriété se retrouve fragmentée entre une quarantaine de personnes, dont vingt‑trois détiennent des parts attachées au seul château, ce qui entrave un projet immobilier inabouti. Le 31 décembre 2023, un incendie détruit partiellement l'édifice : la toiture et les planchers sont entièrement consumés. La mission Stéphane Bern annonce son soutien à la mairie de Serquigny pour le devenir du château ; le maire Frédéric Delamare prend un arrêté de péril et initie la création d'une association destinée à élaborer un projet ambitieux. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, se rend sur place le 4 janvier suivant. Une visite de chantier, le 7 mars, réunit le sous‑préfet de Bernay, le maire, la Fondation du patrimoine et les entreprises intervenantes pour constater l'avancement des travaux de mise en sécurité. En fin d'année 2024, la mairie a acquis les différentes parts auprès des propriétaires afin de réunifier la propriété et faciliter les travaux de rénovation. Architecturalement, le château présente une façade ordonnancée et symétrique en trois niveaux, les deux ailes étant mansardées ; il est bâti en briques et pierre de taille en bossage, de style classique, et flanqué au nord d'une tourelle à chaque extrémité du corps de logis. L'édifice est entouré d'une douve alimentée par une dérivation de la Charentonne, que franchit un pont aligné sur la façade sud, et la cour d'honneur est bordée de balustrades en pierre. Parmi les dépendances figure un colombier qui a été réaménagé à des fins touristiques. Les façades et toitures du château et des deux pavillons d'entrée, les douves, le colombier ainsi que la grande allée et les prairies en avant des façades principales sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 22 mai 1951.