Origine et histoire
L'habitation sucrière dite Château-Dubuc se situe à Tartane, sur la presqu'île de la Caravelle, commune de La Trinité en Martinique. Fondée en 1725 par Louis Dubuc Galion, elle resta propriété de la famille Dubuc jusqu'en 1858. L'exploitation produisait, grâce au travail des esclaves, du sucre et du café destinés à l'exportation. La maison du maître, édifiée au XVIIIe siècle pour Louis du Buc du Galion, est aujourd'hui en ruines. Le site a subi de nombreux sinistres naturels : tremblement de terre et cyclone en 1727, ouragans en 1765 et 1766, puis un ouragan destructeur en 1788. En 1777, Pierre Balthazard Dubuc de Bellefonds acheta l'îlet Monsieur (îlet Chancel) et y installa une poterie dépendant de l'habitation ; cette poterie fut abandonnée en janvier 1785 et une autre fut créée sur l'habitation Spoutourne. À la fin du XVIIIe siècle la famille Dubuc semble ruinée : le site est mis sous séquestre en 1786 et la sucrerie est arrêtée en 1793. Le château fut pillé par les Anglais le 4 février 1794. L'activité industrielle paraît avoir cessé vers 1797 et, d'après une carte de 1816, il n'y avait plus d'activité industrielle sur le domaine. Des inventaires, notamment celui de 1772 qui mentionne 373 esclaves, puis celui de 1853, ont été établis avant la vente de 1858 à Eugène Eustache. La propriété tombe à l'abandon au début du XIXe siècle. En 1974, le SIATNO acquiert 2,5 hectares comprenant les ruines pour le compte du futur Parc naturel régional. L'ensemble des vestiges et des terrains est protégé au titre des monuments historiques par un arrêté de classement en date du 31 mars 1992. Des travaux de restauration sont menés depuis de nombreuses années sous la maîtrise d'œuvre d'Étienne Poncelet, architecte en chef des monuments historiques. L'appellation « château » renvoie à l'élévation de la maison du maître, dont subsistent des murs et quelques pierres délimitant le logis. Le bâtiment principal suit un plan classique de grand'case colonial avec un escalier intégré au corps du logis. Les murs étaient montés en pierres et moellons de basalte et de corail, liés par de la chaux ; un four à chaux est encore visible parmi les ruines. Les bâtiments liés à l'exploitation du sucre et du café subsistent, tandis que les cases des esclaves ont entièrement disparu et ne sont pas localisées. Une construction attenante, longtemps considérée comme un cachot pour esclaves, pourrait selon des recherches récentes correspondre à une chambre forte pour épices ou à une poudrière. Le classement porte en totalité sur l'ensemble des ruines et des terrains de l'habitation sucrière dite Château-Dubuc, sur la parcelle n°72 d'une contenance de 2 ha 13 a 90 ca figurant à la section C du cadastre communal.