Origine et histoire de la Porte Horloge
La Porte de l'Horloge, anciennement porte Gastinel, est un édifice emblématique de Vire (Calvados) et vestige de l'enceinte urbaine du XIIIe siècle ; elle est classée monument historique. Située à Vire, commune déléguée de Vire Normandie, elle fut autrefois la principale porte d'entrée de la ville lorsque celle-ci était fortifiée. Vire, devenue une place importante des ducs de Normandie après les invasions, vit ses fortifications renforcées sous Guillaume le Conquérant et un château à double enceinte avec donjon est édifié par Henri I er Beauclerc, dont subsistent aujourd'hui les ruines du donjon. À l'origine simple porte de ville comparable aux portes Saint-Jean et Saint-Sauveur, la Porte Gastinel a été construite au XIIIe siècle. En 1480 elle est surélevée d'un niveau pour devenir beffroi, coiffée d'un clocheton de guet afin d'y installer une horloge publique et une cloche ; ce projet, porté par les bourgeois, visait à affirmer la force et l'indépendance de Vire. L'horloge et une cloche sont mises en place en 1499, et deux cloches supplémentaires marquant les quarts d'heure sont ajoutées au XIXe siècle. La ville a beaucoup souffert des bombardements de juin 1944, mais la porte a été relativement peu touchée ; les principaux dommages concernèrent les couronnements des tours et les toitures en poivrières, qui durent être restaurés pendant la Reconstruction, tandis que la cloche de 1499 et l'horloge (déjà remplacée au XIXe siècle) furent détruites. Un mémorial dédié aux victimes du bombardement du 6 juin 1944 a été installé au rez-de-chaussée de la tour sud et inauguré le 6 juin 1960. Un dessin de la porte figure au-dessus de la ligne 1 de la gare Paris-Saint-Lazare. La construction du XIIIe siècle présente deux grosses tours rondes à mâchicoulis et mêle les moellons de granodiorite et de schiste cornéen, pierres locales dominantes. Avant la Reconstruction, la rue Saulnerie passait sous la porte ; cet espace et ses abords forment aujourd'hui la place du 6-Juin, accessible aux piétons. L'ouvrage était précédé d'un fossé d'environ sept mètres de large et cinq mètres de profondeur, protégé par un pont-levis à flèches, une herse et une porte à deux vantaux ; il fut ensuite surmonté d'une grosse tour carrée s'élevant jusqu'au premier rang des gargouilles. À la Renaissance, la tour fut dotée d'une balustrade et d'un lanternon hexagonal, portant la hauteur de l'édifice à 33 mètres et offrant une vue panoramique sur le bocage virois pour surveiller les approches de la ville. Sur le côté oriental, au-dessus de l'ogive et entre les rainures du pont-levis, une statue de la Vierge occupe une niche ; une inscription gravée proclame « Marie protège la ville » et, en dessous, sont sculptées les armoiries de la commune : de gueules à la flèche renversée d'argent accostée de deux tours du même, maçonnées de sable, ouvertes du champ. La Porte de l'Horloge est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 12 juillet 1886. Le 10 juillet 1967, La Poste a émis un timbre représentant la porte, dont le premier jour d'émission fut célébré dans la ville deux jours auparavant ; ce timbre apparaît aussi dans le film de François Truffaut Baisers volés (1968).