Origine et histoire du Mémorial de la ferme de Richemont
Le mémorial de la ferme de Richemont, dédié aux martyrs de la Résistance du Sud-Ouest, se situe sur la commune de Saucats (Gironde), le long de la route départementale D651 ; l’accès s’effectue par la D111E3, qui dessert le monument sur environ 2 km. En juin 1944, un groupe de résistants FFI, composé principalement de jeunes de 17 à 23 ans, se replie dans la ferme isolée de Richemont ; le 14 juillet, la ferme est attaquée par des éléments allemands et de la Milice, détruite par des tirs d’artillerie et la plupart des maquisards sont tués. Treize des victimes, élèves du lycée Michel‑Montaigne, sont nommées sur le mémorial : Lucien Anère, Jean‑Pierre Bouron, Jean‑Claude Bruneau, Guy Célérier, Daniel Dietlin, Jacques Glotz, Christian Huault, Roger Hurteau, François Mossé, Michel Picon, Jacques Rouin, Roger Sabaté et André Taillefer. Pour rappeler ce drame et honorer l’ensemble des résistants du Sud‑Ouest, un comité régional lance après la guerre un concours d’architecture et confie au projet d’André Méry‑Riboulet la réalisation du monument érigé directement sur les ruines de la ferme. L’édifice, surnommé « le Signal », prend la forme d’un obélisque de 35 mètres, destiné à être visible de loin et à symboliser la détermination et l’espérance. À la base de la colonne, quatre haut‑reliefs monumentaux sculptés par Armande Marty, élève de Bourdelle, de près de huit mètres chacun, figurent la Victoire, le Courage, la Foi et le Sacrifice ; la Victoire orne la face nord. Quelques éléments d’origine de la ferme ont été conservés : un pan de mur en moellons blanchis, un linteau et ses montants portent des inscriptions rappelant le lieu et la dédicace, tandis qu’un portique adjacent porte les noms des victimes. Le projet privilégiait l’usage du béton brut, sobre et contemporain, et l’intégration des vestiges pour renforcer le caractère mémoriel du site. Les travaux, entrepris après une collecte de fonds et des subventions, ont nécessité des aménagements d’accès, dont la construction d’une route d’approche, et ont été exécutés par l’entreprise Eugène Pichon sous la direction d’André Méry‑Riboulet ; les maquettes des sculptures sont datées de 1948, la première statue (la Victoire) a été mise en place en 1949 et l’ensemble de l’obélisque a été achevé en 1953 en réutilisant une partie des pierres de la ferme. Le monument a été inauguré le 6 juin 1953 en présence des autorités locales et d’une importante foule. Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 22 avril 2005, le mémorial de la ferme de Richemont conserve la mémoire du massacre et se veut le symbole régional du sacrifice et de l’engagement résistants.
