Origine et histoire de la Plate-forme d'artillerie
La plate-forme d'artillerie de Semide est un emplacement allemand de 1916 destiné à un canon lourd de 380 mm SKL/45 et conçu pour viser Reims et Châlons-sur-Marne pendant la Première Guerre mondiale. Le site bétonné couvre environ 2 000 m2 et comporte une plate-forme en demi-cercle de 24 m de diamètre munie d’un gradin servant de chemin de pivotement pour la pièce. On y trouve des rampes de chargement des obus et des gargousses équipées de rails et d’un massif en béton pour le treuil, ainsi que des rampes liées au monte-charge et un encuvement. Six escaliers donnent accès à des galeries et à des salles souterraines ; les abris sont fortement bétonnés tandis que les galeries le sont plus faiblement, et les salles servent de lieux de stockage des munitions et d’abris pour la batterie. La plate-forme est située sur la commune de Semide, au lieu-dit « les Valettes » (parcelle cadastrale n°22), à 2 km au sud‑est du village, au lieu-dit « Noue Ramon », et reliée au chemin d’exploitation n°13 ; en 1916, une épaisse forêt recouvrait l’endroit et dissimulait le canon aux reconnaissances aériennes. Les troupes allemandes construisirent une voie ferrée à écartement normal (1,435 m) depuis la gare de Contreuve, via Semide, jusqu’à la zone des Valettes pour acheminer la pièce. Ces canons « Max », développés par l’industrie allemande avant la guerre et initialement prévus pour la marine, furent adaptés pour un emploi terrestre par la mise en place d’un contrepoids et restèrent servis par des unités spéciales de la marine, ici le Marine‑Sonderkommando Schulte commandé par le Kapitänleutnant Hans Walther Schulte. La construction de la plate-forme nécessita plus d’un mois ; lors de l’installation certains villageois aperçurent un tube énorme sur deux wagons en manœuvre de nuit. Orientée plein sud, la plateforme permettait un réglage de tir de 180° en azimut et de 45° en hauteur, et la portée maximale du canon était de 38,7 km en 1916. Mise en service en novembre 1916, la pièce tira seulement 24 ou 25 obus vers les gares de Saint‑Hilaire‑au‑Temple et de Sainte‑Menehould puis fut démontée et réexpédiée par voie ferrée, laissant la plate-forme bétonnée inutilisée après quelques jours d’emploi. L’édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1922.