Origine et histoire de la Porte Beucheresse
Les anciens remparts de Laval se sont constitués progressivement : la ville est née au XIe siècle autour du château, dont l'enceinte en terre s'étendait jusqu'à l'actuelle cathédrale. Au XIIIe siècle, le château fut reconstruit en pierre et recentré autour du donjon, ce qui poussa la ville à édifier ses propres fortifications en pierre. L'enceinte, longue de 1 100 m et couvrant plus de neuf hectares, était flanquée de 27 tours, sans compter celles qui encadraient les cinq portes. Les remparts comprenaient plusieurs portes, dont quatre principales : la Porte Renaise au nord, la Porte Belot-Oisel au sud, la Porte Peinte à l'ouest et la Porte Beucheresse au sud-est.
En 1407, des remaniements pour Guy 12, comte de Laval, affectèrent murs et tours : reconstruction ou restauration d'une partie des ouvrages, aménagement d'un chemin de ronde sur mâchicoulis et construction de barbacanes devant les portes. Vers 1430 la porte Belot-Oisel fut condamnée et un bastion édifié devant elle. La tour Renaise et la porte du même nom furent réalisées dans le troisième quart du XVe siècle pour André de Lohéac, maréchal de France. Les fortifications furent partiellement détruites aux XVIIIe et XIXe siècles ; les travaux d'aménagement de la place Hardy-de-Lévaré au XVIIIe siècle entraînèrent la disparition du bastion protégeant la porte Beucheresse ainsi que celle des douves.
La porte Beucheresse est la seule porte médiévale subsistante à Laval et figure parmi les vestiges les mieux conservés des remparts. Elle s'élève en bordure de la place Hardy-de-Lévaré, communique avec la rue des Serruriers et laissait passer, par l'actuelle rue du Lycée, les bûcherons venant de la forêt de Concise, d'où son nom de « porte des Bûcherons ». Côté rue des Serruriers, une niche dans le mur contient une Pietà de la fin du XVe siècle, l'une des nombreuses statuettes religieuses du vieux centre.
La porte se compose de deux tours circulaires symétriques encadrant une ouverture en voûte d'ogive, initialement munie d'une herse. L'ouverture est surmontée de meurtrières et les tours conservent un vestige de chemin de ronde sur mâchicoulis ; l'ensemble est construit en moellon. Des percements réalisés au XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle ouvrent les tours en deux travées : la tour gauche présente des fenêtres en pierre de taille calcaire ornées de décors néo-Renaissance — pinacles, pilastres, fronton, coquille et reliefs géométriques. La porte a été classée monument historique en 1931.
Le peintre naïf Henri Rousseau est né dans la tour de droite en 1844 et y passa son enfance; son père tenait une ferblanterie au rez-de-chaussée.
