Origine et histoire de la Porte de Bourgogne
La Porte de Bourgogne, aussi appelée porte des Salinières, est un monument de Bordeaux (Gironde) classé au titre des monuments historiques depuis le 2 juin 1921. Elle se dresse place Bir-Hakeim, face au pont de Pierre, et s'ouvre sur le cours Victor Hugo, à l'emplacement de l'ancienne porte médiévale des Salinières et de l'extrémité des fossés. Marquant l'entrée officielle de la ville sur l'ancienne route menant à Paris, elle s'inscrivait dans le projet de l'intendant Tourny de ceinturer la ville par des promenades et des places ponctuées de portes. Tourny fit remplacer le « portau » médiéval par une porte monumentale centrée sur la façade sur la rivière ; la réalisation fut conduite entre 1750 et 1755, la construction ayant commencé en 1751, des démolitions ayant eu lieu en 1752-1753 et les travaux s'achevant au milieu de 1755. L'architecte André Portier en assura l'exécution sous la surveillance d'Ange-Jacques Gabriel. Tourny la consacra au Prince Monseigneur le Duc de Bourgogne le 24 janvier 1757. Une partie du décor sculpté prévu — une sphère ailée ornée de trois fleurs de lis et de la couronne royale, soutenue par un triton et une néréïde soufflant dans leurs conques, ainsi que deux trophées — resta inachevée après le départ de Tourny. En 1804, le conseil municipal proposa de transformer la porte en arc triomphal à la gloire de Napoléon, avec un aigle emportant un buste colossal sur l'entablement, des lions sur les guichets et des bas-reliefs à l'attique ; ce projet fut adopté mais la maquette du sculpteur Pierre Chinard fut finalement utilisée pour un arc érigé à Lyon. La porte fut appelée Porte Napoléon lors de la venue de l'Empereur à Bordeaux en 1808. Restaurée en 1858 par l'architecte Charles Burguet, elle avait auparavant perdu, en 1807, ses deux petites portes latérales qui la reliaient aux façades uniformes de la place. D'inspiration classique et proche des arcs romains comme celui de Titus, la Porte de Bourgogne formait l'image d'une ville moderne au XVIIIe siècle et s'intégrait à une mise en scène urbaine comprenant une place en demi-lune imaginée par Tourny. Deux colonnes d'ordre dorique se détachent sur un fond brossé pour porter un puissant entablement ; la sobriété de l'ouvrage tient à l'absence de décorations et d'armoiries, qui furent écartées pour des raisons de solidité. La construction du pont de Pierre entraîna le rehaussement de la place devant la porte et a eu pour effet d'encaisser l'ouvrage, tandis que le trafic routier et la présence du tramway l'isolent aujourd'hui davantage de son environnement. Le tramway bordelais dessert la périphérie de la porte : la station Porte de Bourgogne, située quai Richelieu près de la place Bir-Hakeim, dessert la ligne qui traverse le pont de Pierre dans un sens et se dirige vers le cours Alsace-Lorraine dans l'autre, les voies suivant les quais. Le monument figure dans de nombreuses vues historiques, notamment avec le tramway au début du XXe siècle et lors de manifestations comme le retour du 18e corps d'armée en 1919.