Origine et histoire de la Porte de Puy-Charraud
La porte de Puy-Charraud fait partie des vestiges des fortifications médiévales de La Souterraine. La ville a connu plusieurs enceintes successives : un premier ensemble fortifié, dit "fortalicium", semble remonter au début du XIIe siècle et aurait été édifié par les moines de l'abbaye Saint-Martial pour protéger la première église Notre-Dame, le monastère, le cimetière et la partie haute autour de l'actuelle place du Fort. Cette première enceinte fut rasée en 1207 par Hugues IX de Lusignan, comte de la Marche. Une seconde enceinte fut relevée au XIIIe siècle lorsque l'abbé Raimond de Gaucelme rétablit l'autorité du monastère sur la cité en 1226 ; les vestiges visibles s'inscrivent dans le tracé de cette reconstruction et forment aujourd'hui un mur de terrasse entre deux niveaux de jardin. Entre la fin du XIVe siècle et le milieu du XVIe siècle, l'enceinte fut consolidée, surélevée et étendue vers le sud‑ouest pour protéger de nouveaux quartiers, puis complétée au XVIe siècle par une ceinture de fossés et de palissades. La Souterraine subit plusieurs sièges aux XIIe et XIIIe siècles, notamment par Henri II Plantagenêt et par Hugues IX en 1207, qui entraînèrent de nombreuses réparations et transformations des fortifications. Au fil des siècles, le nombre et la localisation exacts des portes restent incertains ; au moins six subsistaient selon les sources, parmi lesquelles la porte Saint‑Michel, la porte Luquet, la porte de la Roudière, la porte Saint‑Joseph, la porte Saint‑Jean et la porte du Puy‑Charraud, la dénomination "chez l'Hébrette" étant mentionnée tardivement sans précision. L'enceinte comprenait également plusieurs tours — dont la tour du Brigandon, la tour de la Font aux Moines, la tour de Monseigneur Étienne La Martine, la tour du Piquand et la tour de la Vigne — dont certaines dénominations et emplacements se sont partiellement perdus. Dès le XVIIe siècle, les fossés furent comblés et transformés en rues, puis, à partir de la Révolution et du début du XIXe siècle, la plupart des remparts et des portes furent démolis ; des plans dressés en 1779 témoignent des tentatives de vente des portions subsistantes. Aujourd'hui ne subsistent que deux accès monumentaux, la porte Saint‑Jean et la porte de Puy‑Charraud, ainsi que la tour de la Vigne et quelques fragments de courtines inscrits sur le tracé de l'enceinte de 1226. La porte Saint‑Jean, remaniée à plusieurs reprises depuis le XIIIe siècle et apparemment rehaussée vers la fin du XVe siècle, a servi de prison jusqu'en 1800 et a été classée monument historique en 1920 ; la porte de Puy‑Charraud, inscrite en 1941, est construite en granit et présente un passage voûté en berceau surbaissé entre deux piédroits, dont l'un contient un escalier en colimaçon conduisant à un ancien corps de garde. Le passage se fermait par une porte à cintre brisé équipée d'une herse. Les vestiges des murs non démolis ont été intégrés à des constructions ultérieures et restent difficilement repérables ; un parement de courtine du front sud était encore visible au nord de la place Montaudon‑Bousseresse dans les années 1990, avant d'être à nouveau masqué par des bâtiments. Les éléments conservés témoignent de l'évolution défensive et urbaine de La Souterraine du XIIe siècle à l'époque moderne.