Origine et histoire des remparts
Les remparts d'Angoulême ceignent la ville historique, juchée sur un plateau dominant la vallée de la Charente et l'Anguienne. Le plateau forme une avancée entre ces vallées, surplombe leurs rives d'environ 70 à 80 mètres et n'est relié au reste du plateau vers Soyaux que par un isthme d'une centaine de mètres.
La première enceinte, encore visible au nord près du marché couvert — emplacement de l'ancien château qui protégeait la ville — suit la crête rocheuse, longe la falaise vers l'ouest puis se retourne au sud. Le mur a été construit en assises de grandes pierres de taille posées à joints vifs sans mortier. Il comporte deux parements formant presque deux murs entre lesquels ont été entassés des débris de pierres moulurées, des fûts de colonnes, des bas‑reliefs, des chapiteaux et des statues issus de bâtiments antérieurs. Le parement de cette enceinte, attribué possiblement au IVe siècle, porte en partie haute les trous qui servaient à monter et à mettre en place les pierres. À proximité de l'entrée du jardin public subsistent les vestiges de deux tours carrées, probablement édifiées au XIe siècle pour flanquer la courtine, et, au pied du marché couvert, trois tours demi‑cylindriques arasées protégeaient les abords du château primitif.
À la fin du XIIe siècle, une série de remparts fut ajoutée pour envelopper le château neuf et défendre la partie orientale de la ville; les vestiges conservés de ce dispositif montrent trois tours demi‑cylindriques. À la fin du XIIIe siècle, la protection du faubourg Saint‑Martial donna lieu à la construction de courtines et de tours demi‑circulaires incluant l'actuel champ de Mars et rejoignant l'emplacement de l'ancien château; cette enceinte a presque disparu, hormis quelques courtines et des tours percées de meutrières à canons.
Le plateau a été occupé depuis le Néolithique et l'âge du Bronze et fut un oppidum à l'époque gauloise, mais ses fortifications les plus anciennes demeurent inconnues. Les premiers remparts dont subsistent des vestiges remontent à la fin du IIIe ou au début du IVe siècle, à l'instar de ceux d'autres cités de l'Aquitaine seconde. Angoulême, alors appelée Iculisma, fut promue chef‑lieu de cité (civitas) pendant le Bas‑Empire en raison de sa position défensive. La superficie protégée par ces remparts atteint environ 2 280 mètres de pourtour pour 24 à 25 hectares. Le tracé antique coupait le plateau en deux, reliant le niveau du marché couvert à l'emplacement de l'ancien château, puis suivant l'actuelle place New York jusqu'à l'ancienne porte Saint‑Vincent et le bord du plateau.
Des vestiges de la muraille gallo‑romaine restent visibles sous le rempart actuel au nord‑ouest du plateau; ce rempart présentait des parements appareillés et un colmatage constitué de blocs, dont des éléments sculptés et des inscriptions provenant de la démolition de monuments publics et funéraires. De nombreux blocs réemployés sont conservés au musée de la Société archéologique et historique de la Charente.
Pour lutter contre les raids vikings, le comte d'Angoulême, Vulgrin, restaura les remparts en 867. Au XIXe siècle, pour permettre le développement de la ville, les remparts furent arasés d'environ un mètre et les portes démolies. Les remparts d'Angoulême sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1958.