Origine et histoire des remparts
Les remparts crénelés subsistent sur la deuxième enceinte de la ville de Cordes‑sur‑Ciel, dans le Tarn. Ils font partie des fortifications qui ont protégé la cité dès sa fondation et s'inscrivent dans un système de plusieurs enceintes. La création de la ville nouvelle répondait à la destruction de Saint‑Marcel et de châteaux par les croisés de Simon IV de Montfort pendant la croisade des Albigeois, en 1212. Pour compenser ces pertes, le comte de Toulouse fonda la bastide avec deux enceintes et accorda des franchises pour attirer des habitants. Un habitat préexistant sur le puech de Mordagne, avec l'église Notre‑Dame au flanc ouest, devint un faubourg de la nouvelle ville. La charte d'organisation communale, accordée le 4 novembre 1222 par Raimond VII, affranchit les habitants de certaines servitudes et leur donna des exemptions fiscales ainsi que des droits de chasse et de disposition de leurs biens, sous réserve de redevances sur les métiers de boucher et de boulanger. Ces franchises attirèrent rapidement une population importante ; Charles Portal estime d'abord moins de 2 000 habitants, pouvant atteindre jusqu'à 5 000–5 500 lors de son apogée. En 1227 Imbert de Beaujeu assiégea la ville mais dut lever le siège après trois jours, et le roi imposa ensuite la remise de Cordes pour y établir une garnison pendant dix ans. La ville passa ensuite dans l'héritage de Jeanne de Toulouse et d'Alphonse de Poitiers en 1249, puis fut progressivement intégrée au domaine royal au cours du XIVe siècle. La juridiction de Cordes s'étendait sur 33 localités et la ville changea plusieurs fois d'attributions de sénéchaussée. Ses privilèges furent confirmés à plusieurs reprises, la vie municipale s'organisa autour de consuls et la ville connut des foires et protections royales. Après un âge d'or, la peste noire et la guerre de Cent Ans provoquèrent un déclin après 1350, avec des réductions des institutions consulaires et des épisodes de pillages et de violences aux XVe et XVIe siècles. Les guerres de religion et les épidémies marquèrent encore la ville : prise par les protestants en septembre 1568, incendie de la porte de la Jane, tentative d'intrusion en mai 1574, puis de nouvelles épidémies en 1589 et de 1629 à 1632. Topographiquement, le comte de Toulouse fit édifier les deux premières enceintes au sommet du puech entre le Cérou et l'Aurausse, le point le plus élevé culminant à 285 m NGF, soit 110 m au‑dessus des rivières. La ville prend une forme ovale très allongée Est‑Ouest, les falaises au sud et une pente plus douce au nord ayant permis de concentrer les défenses sur les accès Est et Ouest, liés par des lices étroites et formant ce que l'on nomme le Fort. Deux systèmes de portes décalées aux extrémités et des portanels sur le petit axe assuraient les entrées ; les deux premières enceintes, achevées en 1229, ont conservé la plupart de leurs portes, à l'exception du portanel Sud. La prospérité aux XIIIe–XIVe siècles entraîna la construction d'une troisième enceinte qui absorba la première dans les constructions privées ; elle comptait quatre portes dont seule subsiste aujourd'hui la Barbacane à l'Est. Une quatrième enceinte englobant plusieurs faubourgs a été édifiée ultérieurement, laissant notamment la porte de l'Horloge, reconstruite au XVIe siècle, tandis que le quartier de la Bouteillerie resta initialement hors de ces clôtures et fit l'objet de travaux au milieu du XIVe siècle, ce qui suggère l'existence probable d'une cinquième enceinte à l'est. Les remparts crénelés restants sont la propriété de la Société des Amis du Vieux Cordes (SAVC) et ont été inscrits au titre des monuments historiques le 24 octobre 1927. La porte de l'Horloge a été inscrite le 18 juin 1927, la tour de la Barbacane le 13 juillet 1927 et le Portanel le 8 septembre 1928. Plusieurs portes sont classées monuments historiques : la porte du Vainqueur ou du Planol le 20 juillet 1923, la porte de Rous le 4 juin 1924, la porte des Ormeaux le 7 septembre 1910, et la porte de la Jane a été classée le 28 novembre 1962 ; plusieurs de ces portes appartiennent aussi à la SAVC.