Origine et histoire des remparts de la tour du Havre
La promenade des Remparts longe les murailles de l'ancien quartier des Faïenciers à Nevers. En 624, l'abbaye Notre‑Dame est élevée à l'extérieur de la partie occidentale des premiers remparts, sur le site présumé du martyre de saint Révérien. À la fin du XIIe siècle, Pierre de Courtenay fait construire une nouvelle enceinte qui protège le monastère ; le domaine de l'abbaye s'étend alors de la Porte du Croux à la rue Saint‑Révérien et de la rue Saint‑Genest à la nouvelle fortification. Au pied de cette enceinte se trouvait un fossé formé de terrains marécageux alimentés par le ruisseau de la Passière. La muraille est entièrement reprise pendant la guerre de Cent Ans et consolidée par un « matelas » de terre, d'où elle prend le nom de remparts ; tours et portes sont alors reconstruites, renforcées ou créées, notamment la Porte du Croux, la tour Goguin et la tour Saint‑Révérien. Au XVIe siècle, fossés et rempart perdent leur vocation défensive et de nombreux litiges opposent le duc aux habitants qui s'approprient des portions pour y installer des jardins. Après le siège de 1617 et les ordonnances de Louis XIV, ces ouvrages interdits et inutiles ne sont plus entretenus et servent de carrières de pierres. La conservation de la portion située entre la Porte du Croux et la Loire tient à l'évolution urbaine et à la présence d'une zone humide difficilement constructible ; après la Révolution, les vestiges sont intégrés aux immeubles voisins et l'abbaye vendue par lots. En 1960 la ville achète les terrains formant l'actuelle promenade des Remparts — rachat d'un mini‑golf et de jardins privatifs en friche — et M. Besnard, ingénieur de la ville, conçoit l'aménagement en 1964–1965. Le ruisseau de la Passière est canalisé en souterrain et le site aménagé en jardin paysager, créant une liaison entre la Porte du Croux et la Loire.
Depuis la Porte du Croux jusqu'à la Loire se succèdent plusieurs éléments remarquables : l'ancien logis de l'abbesse Notre‑Dame, aujourd'hui privé ; une porte qui conduisait à une salle d'armes équipée de sept archères aujourd'hui bouchées et ouvrant sur une galerie voûtée ; la tour du Havre, adossée aux murs des remparts et formant un batardeau aujourd'hui ouvert ; enfin un portail en fer forgé donnant accès au jardin de l'abbaye. À l'emplacement du cloître se trouvaient la salle capitulaire — où ont été exposées les collections du musée depuis 1979–1980 — la cuisine et le pensionnat, aujourd'hui disparus ; la ville acquiert ces terrains en 1971 et aménage le jardin en 1981 pour retrouver l'esprit des jardins médiévaux. Le jardin, intime et monastique, associe haies d'ifs, carrés de plantes médicinales, aromatiques et ornementales, et éléments symboliques du cloître comme l'ancien puits, une colonne et un arbre planté près de la salle capitulaire ; deux terrasses aménagées dans le rempart offrent des vues sur la promenade, la seconde se réduisant essentiellement à une haie d'ifs taillée. La tour Saint‑Révérien renvoie par son nom à la tradition du martyre du missionnaire en 274 ; la source Saint‑Révérien, qui jaillissait autrefois de la muraille, se trouve aujourd'hui en retrait du mur. Le « canton fertile » évoque les jardins des riverains des rues Saint‑Genest et Saint‑Révérien, l'emplacement du petit port servait les mariniers de Loire, et la promenade se termine par la tour Goguin.
La section des remparts allant de la tour du Havre, située à peu près au milieu de la promenade, jusqu'à la Loire retenait autrefois le ruisseau de la Passière afin de maintenir en eau la partie haute des remparts et d'assurer une force motrice pour les moulins en contrebas. Les remparts de Nevers s'étendent de la tour du Havre jusqu'à la Porte du Croux. L'alyte accoucheur est présent dans le jardin des Remparts.